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cinono1
309 abonnés
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3,0
Publiée le 1 janvier 2013
Le premier film de Milos Forman raconte les aventures d'un ado gauche et peu sûr de lui dans la Tchécoslovaquie des sixties. Constitué d'une narration lache et répétitive, qui reconstitue ainsi le quotidien du héros qui se compose de la belle et inatteignable Palva, des copains lourdingues et d'un paternel sentencieux, le film retrouve la légéreté et l'ironie propre au cinéaste...
Premier long-métrage de Milos Forman – et l’un des seuls réalisés dans son pays natal avec Les amours d’une blonde et Au feu les pompiers ! – L’as de pique fut l’œuvre qui lança la Nouvelle vague tchécoslovaque, au moment où une certaine permissivité était reflétée par la personnalité d’un Alexander Dubček. Ce portrait d’un adolescent de 16 ans, mou et maladroit dans tous les domaines de la vie, en conflit permanent avec un monde adulte dont il ne comprend pas les codes, préfigure les conflits générationnels qui en France allaient conduire à mai 68. Empreint de cinéma vérité, ce film aux accents de documentaire est aussi un étonnant portrait de la Tchécoslovaquie de 1964. Brillamment mis en scène, regorgeant de séquences drôles et sensuelles, L’as de pique est également une critique en creux des sociétés est-européennes de l’époque, dans lesquelles tout le monde est constamment contrôlé et épié, à l’instar du personnage principal, chargé d’avoir à l’œil les clients d’une supérette et lui-même incessamment surveillé par son patron et ses parents. Des débuts enthousiasmants pour Milos Forman, qui n’allait pas tarder à émigrer aux États-Unis suite à la répression du Printemps de Prague en 1968.
Le film a été tourné avec des acteurs non professionnels, à Kolín, en Bohème Centrale (sur l’Elbe, à 55 km à l’est de Prague) et notamment dans un magasin en libre-service qui existe toujours. Pour certains, il s’agit d’une métaphore de la société tchécoslovaque. Cela se discute : c’est l’histoire d’un adolescent de 17 ans, Petr, qui est agent de sécurité (maladroit) dans un magasin. On le voit ensuite aller faire de la barque en rivière avec des amies puis à un bal où il rencontre d’autres jeunes, notamment deux maçons. Un scénario inconsistant avec beaucoup de scènes creuses tournant en rond. La fin est surprenante spoiler: : arrêt sur image au cours de la conversation du père de Petr, s’adressant à son fils et ses amis maçons ! Le film a quand même réussi à gagner le Léopard d’Or au festival de Locarno en 1964 ! Pour mémoire, les films suivants ont obtenu le même prix : « Jules César » (1953) de Joseph Mankiewicz, « Le mouton à cinq pattes » (1954) d’Henri Verneuil, « Le baiser du tueur » (1959) de Stanley Kubrick et « Le troupeau » (1979) de Zeki Ökten. En 1964, le film était en compétition avec « Le désert rouge » de Michelangelo Antonioni et « Le mépris » de Jean-Luc Godard… Quant au titre, je suppose qu’il fait référence en tant qu’insulte désuète, au sens tout d'abord d'imbécile ou de personnage laid, gringalet et chétif. .
Premier long-métrage du futur réalisateur de "Vol au-dessus d'un nid de coucou", "L'As de pique" est moins touchant que "Les Amours d'une blonde" et moins cinglant qu'"Au feu, les pompiers !", ses films suivants, mais Miloš Forman filme le tout dans un style Nouvelle Vague duquel il ressort un portrait d'une belle justesse, en se faisant beaucoup plus se succéder les tranches de vie qu'en mettant en scène un véritable scénario, de la jeunesse tchèque du début des années 60, pris entre les petits boulots minables, les relations teintées de maladresse et de timidité entre les deux sexes, et des parents autoritaires qui se veulent moralisateurs...
Un témoignage d'époque mais en même temps un témoignage universel et intemporel par ses thèmes qui parlera certainement à beaucoup de monde. A noter, une fin ironique très bien trouvée...
Premier long métrage de Forman, on y trouve les ingrédients des Amours d’une blonde (chronique adolescente sur fond de morosité communiste et de fossé générationnel), mais pour un résultat un peu moins resserré et cohérent, qui tient un peu plus de la déambulation et de l’assemblage de courts métrages. C’est quand même déjà un très joli film d’atmosphère, qui impressionne par la maîtrise de sa mise en scène, par sa façon de capturer la mélancolie de la jeunesse et par un humour très efficace. Et Forman filme mieux que personne l’incompréhension et la tendresse entre les ados et leurs parents, comme il le prouvera de manière un peu plus marquante avec Taking off, son premier film américain.
A première vue, je n'étais pas sûre d'avoir compris le film, car c'est plutôt un film qui se ressent. Pourtant, des décennies plus tard, l'œuvre de Milos Forman reste intemporelle. C'est un désaccord, une incompréhension, des mots jetés à la face d'un adolescent qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Quand la face du père s'arrête enfin, c'est pour bien nous montrer quel décalage, presque entre réalité et fiction, jour et nuit, mouvement et fixité, bref, une distance telle entre ce garçon et son père qui se fige dans le temps. Bien sûr, j'y aime les personnages errants, sans buts, qui se cherchent souvent et dont le monde ne comprend pas les intentions. C'est un monde actuel, et nombre d'adolescents sont aujourd'hui Peter.