Avis sur Dieu n'est plus médecin

Quand "Grave" rencontre "La Fracture". Et cela ne peut être qu'un compliment.

Dieu n'est plus médecin est un court-métrage lourd de sens.
Sorti en 2020 dans un contexte sanitaire très particulier, cette œuvre maîtrise à la perfection la fusion entre le film de genre et le message politique.

Le métrage nous propose de suivre Margaux, interne aux urgences qui voit son corps réagir aux traumatismes rencontrés durant sa formation.

Hyper métaphorique, même et surtout dans son final, ce film sait dénoncer à plusieurs niveaux, que ce soit les conditions de vie et de travail du personnel hospitalier, de la situation médicale en France... De plus, bien qu'il n'y fait pas référence, le contexte sanitaire dans lequel est sorti cette fiction, permet de lui offrir un message encore plus impactant.

Mais au-delà de sa capacité à délivrer un message et nous proposer un bon scénario, Marion Le Corroller maîtrise les outils cinématographiques à la perfection.
Ses très gros plans sont sublimes et servent très bien le film. L'utilisation du jumpcut est intelligente, permettant à la fois d'approfondir la psychologie du personnage, d'avancer dans l'histoire, d'appuyer subtilement son message...

Bien que la mise en scène est maîtrisée, elle est aussi osée, l'exploitation d'effet kaléidoscopique ou de plongée zénithale reste risquée dans un court-métrage mais rend dans celui-ci très bien, colle avec brio à l'esthétique.
J'ai une pensée pour la liaison intime entre les champs/contre champs et les très gros plans sur les yeux, offrant une scène ultra expressive et à la technique irréprochable.

Pour rester dans les aspects techniques, la bande son n'est pas exceptionnelle mais reste très correcte à contrario des lumières et des décors qui sont eux remarquables, travaillés offrant une photographie singulière et plaisante au métrage. Tout comme les maquillages qui sont très convaincants et servent parfaitement le film. Une pensée pour les scènes sanguinaires où le travail de la lumière leurs offre une dimension presque poétique.

En parlant de sang, je me demandais depuis longtemps pourquoi les films de body horror ne prennaient pas plus souvent place dans un hôpital pour justifier au mieux l'horreur, comme cette œuvre qui, par son unité de lieu, justifie parfaitement certaines scènes gores, bien qu'il n'y ait pas de passage ultra violent ou impossible à regarder.

Pour finir, l'actrice est prodigieuse, son interprétation est forte, son regard est profond et souvent rempli d'émotions. Son personnage est bien construit et j'ai eu plaisir à la découvrir dans ce court-métrage.

Ainsi, Dieu n'est plus médecin est une proposition incroyable. À la croisée des genres, qui a su me plaire et me toucher de par son final lourd de sens, son esthétique remarquable et son excellent casting.

Je conseille, indubitablement à voir.