Brother : les secrets du tournage

Le projet est né en 2016, quelques années après la rencontre entre Arnaud Fournier Montgieux et François à Paris. A ce moment, ce dernier est novice dans la communauté de Newark mais le réalisateur l'a connu quelques années plus tôt à dans la capitale française, à une époque où il questionnait profondément la place de sa foi dans sa vie. Arnaud Fournier Montgieux se rappelle :

"Jusqu’au jour où sa vocation est devenue une évidence. En 2017, il découvre mon premier long métrage documentaire Auzat l’Auvergnat. Suite à cela, il perçoit plus clairement comment nous pourrions dépeindre la richesse de ce qui se vit au sein de la Communauté des Franciscains du Renouveau, en se basant sur des histoires personnelles, ce qui, à bien des égards, diffère des films qu’il a déjà pu voir sur le sujet."

"Quant à moi je vois se dessiner un angle de réalisation, celui de sa vocation auprès des pauvres, du bonheur qui est le sien de vivre auprès des plus démunis, autrement dit du lien étroit entre la souffrance et l’espérance. Cet angle me semble porteur d’une pensée qui peut être partagée de manière universelle, quelles que soient nos croyances."

"Notre envie commune se précise. Mais la communauté ne souhaite pas à cette époque que je les filme, François les ayant rejoints que trop récemment. En 2018, je pars à leur rencontre sans caméra pour qu’il se familiarise avec ma personnalité et pour que je puisse m’imprégner de ce qu’ils vivent. Mon immersion a fini de me convaincre de la richesse de ce projet."

"Et en janvier 2019, je reçois une autorisation pour venir filmer les Frères de Newark, au sein de la Communauté, et dans leurs actions auprès des Pauvres. Par chance je suis convié à les rejoindre pendant le carême et la montée vers Pâques, période idéale pour embrasser le sujet qui est le nôtre. François est alors très impliqué sur place dans la mise en place du tournage."

Pendant plus de 10 ans, Arnaud Fournier Montgieux a exercé divers métiers dans l’industrie audiovisuelle, et en particulier dans l’univers du documentaire : distribution et acquisition internationale, édition physique et digitale. En 2017, il crée la société Le Genre Humain afin de produire son premier film documentaire Auzat L'Auvergnat, sorti en salle en 2018. Ce film met en lumière la mutation du monde rural à travers le prisme des habitants d’un petit village français retranché.

Puis il s’est engagé pleinement dans la réalisation du film Brother. "Savoir observer la richesse et la singularité́ dans l'ordinaire est un défi, à mon sens, aujourd’hui. A travers la réalisation documentaire, je m’essaie à relever ce défi, tout en appréhendant la caméra comme un passeport vers la rencontre", confie-t-il.

Arnaud Fournier Montgieux a voulu retranscrire de manière simple, authentique et avec des émotions variées le thème de la souffrance et de l’espérance (sans que cette intimité ne paraisse voyeuriste). Le metteur en scène précise : "Elle ne devait pas déranger. Au contraire, le film permet à tout un chacun de questionner sa propre intimité, ses propres souffrances et sa relation au monde. De l’intime à l’universel. Nous suivons Brother François tout au long du film. Sa présence est essentielle. Elle permet aux témoins de se sentir en confiance de telle sorte que les rencontres se fassent de manière naturelle. Il est le trait d’union entre les diverses personnalités rencontrées. Nous vivons ces rencontres à travers son regard, ses émotions, sa culture française dans une culture américaine. A travers sa propre intimité en somme."