Cela faisait un sacré moment maintenant que je n’avais pas revu « Peur sur la ville ». J’en gardais quelques souvenirs avec quelques scènes quand même bien marquante mais une petite piqûre de rappel me semblait nécessaire. Du coup, c’est lorsque j’ai vu qu’il passait à la télévision que j’ai sauté sur l’occasion pour le revoir.
Comme lors de mon adolescence, époque où je l’ai vu pour la première fois, j’ai adoré ce long métrage. Le scénario écrit par Henri Verneuil est vraiment bon et parvient à me fasciner de bout en bout. Pourtant, il possède des maladresses. Si quelques unes peuvent être imputable à son époque (les interrogatoires à coups de gifles font sourire maintenant) d’autres sont un peu plus embêtante. Cela ne me fait pas sortir du film mais par exemple, la façon dont est conduite l’enquête me parait peu crédible tout comme le personnage de Minos qui démarre fort avant de tomber un peu dans la facilité dans son final.
Maintenant, il n’y a rien de catastrophique. Quand on le remet dans son époque, je trouve ce film diablement efficace et ses éventuels défauts peuvent même devenir des points forts puisqu’ils apportent un certain charme à l’oeuvre. De toute façon, plus que l’enquête policière, c’est le jeu du chat et de la souris entre Letellier et Minos qui nous captive. C’est aussi pour cela que la sous intrigue avec Marcucci plombe un peu le film. Les quelques touches d’humour apportent pour leurs parts de la fraîcheur avec des dialogues bien écrit fort sympathique également.
Avec son nom en grand en haut de l’affiche, Jean-Paul Belmondo (Jean Letellier) porte le film sur ses épaules. Il forme un duo très jouissif avec Charles Denner (Charles Moissac) mais malgré sa très bonne interprétation, ce dernier se trouve quand même bien souvent en retrait dans l’ombre de Bebel. Jean-Paul Belmondo lui se donne à fond, effectuant ses cascades et nous offrant tout son charme et son charisme à l’écran. Son personnage est un flic à l’ancienne, caricatural mais qui fonctionne grâce à un jeu parfaitement bien dosé.
Face à lui, j’ai beaucoup aimé également Adalberto Maria Merli (Pierre Valdeck / Minos). Même si sa prothèse oculaire n’est qu’un artifice cinématographique qui fait sourire, le comédien n’est jamais risible. Dans la première partie du film, il est même angoissant à souhait et fait un psychopathe excellent. Dommage que le scénario l’abandonne un peu sur la fin pour tomber dans plus de facilité, son personnage m’apparaissant nettement moins angoissant sans que cela ne soit la faute de l’acteur.
Si le film réussit à avoir (malgré les réserves scénaristiques que je peux avoir), une aussi belle image dans mon estime, ce n’est pas dû que à ma tendresse pour Jean-Paul Belmondo. C’est également grâce à l’excellent travail de mise en scène d’Henri Verneuil derrière la caméra. On est en plein dans les années 70 et chaque plans est vraiment bien pensé tout en s’inscrivant dans son époque.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que, plus que l’histoire, se sont des scènes qui ont marquées mon esprit dont je me souvenais. La poursuite sur les toits, la descente en rappel d’un hélicoptère, l’œil de verre… Le long métrage regorge de scènes qui s’imposent aux spectateurs et qui ont d’ailleurs par la suite, maintes fois exploités.
J’ai beaucoup apprécié les différents décors. Les années 70 me plaisent, il y a du charme à l’image et un Paris de carte postale que l’on aime bien salir un peu. La bande originale composée par Ennio Morricone trouve toute sa place ici et n’étouffe jamais le récit. Avec un montage dynamique, même si l’histoire n’est pas parfaite, on ne s’ennuie pas en tout cas.
Pour résumer, j’ai vraiment pris mon pied à revoir ce « Peur sur la ville » qui se classe parmi les meilleurs films de Jean-Paul Belmondo, du moins dans son catalogue de policier qu’il étoffera par la suite. Je suis un peu frustré que le scénario soit un peu maladroit, qu’il ne soit pas constant dans sa façon de nous montrer cette traque mais l’excellente interprétation des acteurs associé à une réalisation parfaite font de ce long métrage un classique qui me procure beaucoup de plaisir. Un film qu’il faut définitivement que je revois un peu plus souvent.