Imaginez Rufus, le taupinet tondu de Robin Trépide, en version énervée (et maculée de sang gluant) qui fait du gringue à trois jeunes femmes qui ont autant de tissu sur le corps que de neurones dans la tête. Orgie sexuelle, blob, yeux et orifices qui suintent de l'huile de moteur, clip MTV avec des soucoupes volantes et des flashes dans tous les sens, et cette marionnette ultra bizarre qui ressemble à un épisode de Kim Possible sur le dark web... Vous êtes bien devant The Seed (Créatures, en français, même s'il n'y en a qu'une... Toujours au top sur les trad'), même si vous ne comprenez pas grand chose à ce que vous regardez, que vous trouvez que les dialogues et jeux d'actrices sont d'une pauvreté presque absolue, que vous avez sans arrêt une scène d'avance sur le film (on n'est jamais surpris), que vous soupirez d'ennui dans le début qui est vraiment lent à démarrer. Il n'empêche que le choix de la marionnette (et le blob à tentacules) organique, fait mains, nous plaît toujours mille fois mieux que la facilité du numérique (pas crédible), que le film est généreux en body horror (ça saigne / suinte / gicle de partout), et qu'il évite les jumpscares, ce qui reste une marque de qualité pour nous (les "Je coupe le son pendant dix minutes / POUET", on sature, donc si vous venez pour du jumpscare bas du front : demi-tour). Très loin pourtant d'être un bon film, surtout par le jeu d'actrices (en surchauffe à tous les plans) et les dialogues au néant d'intérêt (la VF catastrophique n'aide pas), et par la prévisibilité de son scénario (qu'on a l'impression d'avoir déjà vu cent fois, un body-snatcher de plus, avec une idée un peu dérangeante pour nous : on aurait aimé qu'il y ait une victime masculine dans l'histoire, pour ne pas appuyer le lien entre rapport sexuel non désiré et corps féminin uniquement, et surtout qu'on contextualise un brin plus la bestiole... On ne sait absolument rien d'elle, c'est dommage car l'idée de la
manipulation et reproduction
fonctionnent bien). On aurait aimé que Rufus ne reste pas cloué au lit, et qu'il soit un peu plus énervé (quitte à assumer son body horror généreux, on aurait pu facilement impliquer des victimes extérieures avec la créature qui les agresse, pour varier un peu du schéma répétitif et prévisible qui se joue ici), et on sait pertinemment que le dialoguiste est parti en vacances, mais The Seed reste plus intéressant que les trains-fantômes à "pouet-pouet" modernes des grands studios, grâce à une certaine générosité sur le plastoc sanguinolent, à l'ancienne.