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Yves G.
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1,0
Publiée le 26 juillet 2023
Lucie passe des vacances ensoleillées chez sa grand-mère avec sa fille. Elle est actrice et prépare son prochain rôle. Elle se réveille dans les Cévennes, sur son cheval, dans l’armure qu’elle est censée porter. Son errance la met au contact de deux autres actrices, harnachées comme elle et aussi perdues qu’elle. Troisième temps : on est dans une salle de théâtre fermée avec un régisseur et son stagiaire qui veille sur le sommeil des trois belles endormies dont on comprend qu’elles ont été recrutées pour une représentation du Roi Lear.
Claude Schmitz est un réalisateur étonnant. "Braquer Poitiers" lui avait valu en 2019 le prix Jean Vigo et, de ma part, à l’époque, une critique bluffée : « C’aurait pu être du grand n’importe quoi ; c’est étonnamment réussi » en disais-je. De "Lucie perd son cheval", je dirai : « Ce grand n’importe quoi aurait pu être réussi ; mais il ne l’est pas ».
Car cet enchâssement de plusieurs rêves éveillés ne suffit pas à créer un souffle poétique. Au contraire, il ressemble plutôt à une paresse de scénariste qui ne sait pas comment se débrouiller de morceaux d’histoires sans rime ni raison. On peut, si on est très indulgent, y voir une belle réflexion sur le métier d’acteur et ses apories. On peut aussi, si on a comme moi la dent dure, s’y ennuyer ferme et crier au foutage de gueule.
Malgré un désir de voir ce nouveau film du réalisateur de Braquer Poitier, je n'ai pas trouvé le scénario à la hauteur de mes espérance. La situation est pourtant magnifique. Ces chevalières sans quête déambulent dans les paysages d'une beauté fascinante. Puis le moment de raconter une histoire arrive malheureusement... toute la partie dans le théâtre est longue et soporifique... La réflexion autour d'être une comédienne vacille et n'avance pas...
Film pour personne avec cerveau : d'un onirisme bien réel ; possibilité de lecture psychanalytique ; en outre regard sur l'arrêt du monde du spectacle par le COVID; et le fait d'être un acteur. Délicieux ! mais ... le théâtre c'est nul (pour paraphraser poliment le film ...)
Coproduit par le Théâtre de Liège, Lucie perd son cheval est une sorte de déclinaison de la pièce de Claude Schmitz, Un Royaume, mais aussi un film à part entière, énigmatique et très cohérent (si l'on peut dire) dans son maniement de l'absurde. Est-ce une réflexion sur le métier d'actrice (avec Lucie Debay, que l'on voit notamment aux côtés de ses vraies fille et grand-mère) ? Sur l'art aux temps du Covid (frappé d'immobilisme) ? Ou n'est ce qu'une rêverie avec des morceaux de Shakespeare dedans, ou encore un exercice surréaliste à la Magritte, du genre Ceci n'est pas une monture ? Étonnamment, malgré des éléments disparates, le film se voit avec un certain plaisir, à condition de se laisser faire, sans chercher à comprendre où veut en venir ce récit disloqué en plusieurs parties, mais avec heureusement Lucie en fil rouge. Il y a de jolies scènes en plein air avec les trois "chevaleresses" dépourvues d'équidés, errant dans la plaine comme des Don Quichotte désarçonnés et d'autre passages loufoques dans les coulisses d'un théâtre où de singuliers personnages se croisent, entre autres un régisseur fan de Motorhead, en attendant non pas Godot mais la reprise des représentations suspendues par la faute d'un méchant virus.