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FaRem
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2,0
Publiée le 22 février 2024
Dans son premier long-métrage, Aga Woszczynska utilise la vie d'un couple comme symbole d'une société qui favorise l'élite au détriment du plus grand nombre. Lorsqu'ils arrivent dans leur belle villa louée en Sardaigne, Adam et Anna se plaignent que la piscine est cassée alors même qu'ils ont la mer Méditerranée à proximité et qu'il y a une pénurie d'eau dans la région. Lorsqu'ils persistent pour obtenir ce qu'ils veulent, ils vont indirectement causer un drame... Encore une fois, la réalisatrice utilise cette situation pour évoquer quelque chose de plus large à savoir l'apathie de l'Europe face à la crise migratoire. Une insensibilité que l'on retrouve chez ce couple et surtout dans le film, ce qui est problématique. Si on comprend le message, la forme est pénible. Un style froid et rigide, une torpeur générale, aucune émotion, des personnages inintéressants, c'est juste ennuyeux et désagréable.
Cicha Ziemia rappelle quelque peu le récent Triangle of Sadness (Ruben Östlund, 2022) : soit un couple bourgeois confronté à l’inertie de sa condition et aux conséquences de son mépris de classe. Pourtant, de ce film social ne ressort qu’un sentiment de figement lié à la mise en scène mimétique de son objet : des plans souvent fixes, légèrement dynamisés par un travelling avant de dernières secondes, des plus chichiteux. La lenteur et la répétition mornes d’un quotidien estival défini par la chaleur et la lumière aveuglante mutent en automatisme de réalisation, sans partis pris sinon par des ralentis oniriques qui s’insèrent mal dans le récit. Tout baigne dans un silence oppressant, d’abord marque d’une distinction sociale, rapidement fatalité d’un couple qui se définit moins par l’authenticité de ses marques d’amour que par la facticité des actions auxquelles il se consacre : les déjeuners et dîners sont l’occasion d’une démonstration forcée de complicité et de richesse, un verre de vin blanc à la main ; la sexualité demeure mécanique, appliquant des pratiques stériles qui ne servent qu’un plaisir égoïste. L’importance du sport et de l’eau symbolise un culte du corps qui va dans ce sens, ainsi que la nécessité de se purifier, d’obtenir le pardon de ses vices : les douches nombreuses, la mer environnante, la piscine vide. Hic. Là que tout bascule. La piscine plutôt que la mer parce qu’elle renvoie à un espace privé, encadré par des murs, surveillé par des caméras ; un espace cassé qui prend néanmoins au piège les deux amants, ramenés au réel par un accident face auquel ils demeurent indifférents – « c’était un clandestin, en plus ». Alors commence la descente aux Enfers, métaphorisée par la plongée sous-marine : la descente en soi confronte chacun au vide de sa condition, elle troue la carapace bourgeoise, occasionne des fuites qu’aucun ouvrier ne saurait réparer. L’immigré, aux antipodes sociaux, hante le couple comme Camille séparant Thérèse et Laurent dans le roman zolien : un fantôme qui s’invite à table et partage une intimité à tout jamais impossible, pour toujours. Une réussite sur le plan du scénario, qui peine à s’incarner en force esthétique.
Dans "Silent Land", Dobromir Dymecki, Agnieszka Zulewska, et Jean-Marc Barr portent à l'écran une exploration saisissante des dynamiques de couple dans un cadre en apparence paradisiaque, mais qui révèle rapidement des fissures profondes et inattendues.
Le film suit un couple en quête de vacances idylliques sur une île italienne baignée de soleil. Cependant, l'illusion du paradis s'effondre rapidement lorsque la réalité de la panne de la piscine, exacerbée par une pénurie d'eau, s'impose. Ignorant le contexte local, ils réclament la réparation de la piscine, dévoilant ainsi la fracture entre leurs attentes et la complexité du monde qui les entoure.
La présence persistante d'un étranger amplifie le sentiment d'insécurité du couple, déclenchant une série d'événements qui expose les failles de leur relation. Dobromir Dymecki et Agnieszka Zulewska incarnent avec intensité et crédibilité les rôles principaux, révélant les nuances et les tensions d'un couple en crise.
Jean-Marc Barr, en tant qu'étranger mystérieux, ajoute une couche de suspense et de mystère, catalysant les événements qui poussent le couple à révéler ses instincts les plus profonds et irrationnels. La réalisation subtile de Silent Land se distingue par sa capacité à créer une atmosphère étouffante et à susciter l'anticipation tout au long du film.
Le scénario intelligent, écrit par le réalisateur Aga Woszczyńska et Tobiasz Woszczyński, explore brillamment la psyché humaine sous le stress, évoquant des questionnements sur la sécurité, la confiance et la vérité dans une relation. Le film s'aventure dans les recoins sombres de la condition humaine, amenant le spectateur à réfléchir sur sa propre compréhension de la stabilité et de l'instabilité.
"Silent Land" offre une plongée captivante dans les complexités des relations humaines, mettant en lumière les fissures fragiles qui peuvent ébranler même les fondations les plus solides. Avec des performances percutantes et une réalisation habile, le film nous confronte à la fragilité de nos propres certitudes et nous laisse avec une réflexion profonde sur la nature changeante de la réalité.
Pour ceux qui espèrent une comédie mordante et cruelle, bah c'est pas ça du tout. Un "Snow therapy" en encooore plus chiant, et surtout sans vraiment de finalité.