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    Scarface
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Scarface" et de son tournage !

    Aux origines du film

    Dans le livre de Joseph McBride Hawks par Hawks, le réalisateur revient sur la genèse du projet, expliquant que c'est l'histoire d'Al Capone qui l'a inspiré : "Je voulais que Ben Hecht [fameux scénariste hollywoodien, qui, ayant commença sa carrière comme reporter à Chicago, connaît bien le thème du gangstérisme] écrive là-dessus. Il m'a dit : "Bien sûr, que veux-tu faire ? - Un film de gangsters - Seigneur, s'est-il écrié, tu ne vas pas faire un de ces machins-là !" J'ai dit : "Ecoute, j'ai l'impression que la famille Borgia est toujours vivante et qu'elle habite maintenant à Chicago. Tu vois, notre Borgia s'appelle Al Capone, et sa soeur se livre aux mêmes pratiques incestueuses que Lucrèce Borgia." Et Hecht a lancé : "Eh bien, commençons dès demain." Nous avons écrit le scénario en onze jours. Un jeune reporter, John Lee Mahin, a travaillé dessus et a eu quelques bonnes idées. Nous savions exactement ce que nous voulions. L'histoire originale comportait deux frères. Dans le scénario, il n'y avait pas de frères."

    Scarface et la censure

    La censure donnera du fil à retordre à Hawks, qui aborde dans Scarface un sujet brûlant. Un autre film de gangsters devenu mythique, L'Ennemi public de William Wellman, sorti quelques mois plus tôt, avait dû être amputé d'environ une demi-heure dans certains états. Production indépendante, Scarface est tourné en 1931, mais mettra près d'un an à trouver le chemin des salles de cinéma, en raison des pressions exercées sur le réalisateur et son producteur, le milliardaire Howard Hughes, par Will Hays, président de la MPPDA (Motion Picture Producers and Distributors of America) et auteur du code qui porte son nom -écrit en 1931, mais qui ne sera appliqué qu'en 1934. Fait rarissime, le film sortira d'abord dans la Nouvelle-Orleans, et seulement après dans les grandes villes, en 1932. Les deux Howard devront accepter de procéder à quelques modifications. Tout d'abord, il leur faut donner au film un nouveau titre : Scarface, The shame of a nation (Scarface, la honte d'une nation). Ensuite, ils doivent ajouter au début du film un texte précisant que ce film est une condamnation, et non une apologie du gangstérisme, et une scène dans laquelle un patron de presse prononce un discours moralisateur. La fin du film (celle que nous connaissons aujourd'hui, avec Camonte à terre, sous une publicité qui indique "The world is yours") ne satisfait pas non plus les censeurs, qui exigent qu'une nouvelle conclusion soit tournée : dans cette version Camonte est arrêté et condamné, puis le juge lit la sentence, qui prévoit que le gangster sera pendu. Le film s'achève sur un plan de Scarface, une cagoule sur la tête.

    Ennemi public

    Lorsque Howard Hawks se lance dans Scarface en 1930, Al Capone est l'ennemi public n°1. Le film, qui conte l'ascension d'un jeune malfrat, rappelle l'itineraire du plus célèbre gangster américain. Le surnom qui donne au film son titre est d'ailleurs celui de Capone : il fait référence à la cicatrice qui lui barre la joue gauche. D'origine italienne, Al Capone, de son vrai nom Alphonse Gabriel Capone, naît à New York en 1899. Engagé dans une sanglante guerre des gangs, il règnera en maître sur le réseau de vente d'alcool à la fin des années 20. Condamné en 1931 à dix ans de prison pour fraude fiscale, il sera libéré au bout de huit ans pour raisons de santé. Atteint de syphilis, il disparaît le 25 janvier 1947. Parmi les comédiens qui incarneront ce personnage mythique à l'écran, citons Jason Robards (L'Affaire Al Capone, 1957), Ben Gazzara (Capone, 1975) ou encore Robert De Niro (Les Incorruptibles, 1987)

    Le scénario

    Pour l'écriture du scénario de Scarface, Hawks a fait appel à plusieurs collaborateurs, qui ont pris pour point de départ le roman homonyme d' Armitage Trail. Aux côtés de Ben Hecht, qu'il connaît depuis plusieurs années (ils avaient tous deux travaillé sur le script des Nuits de Chicago, long métrage muet de von Sternberg et un des premiers films de gangsters) et du non moins fidèle Seton I. Miller, on retrouve deux journalistes, John Lee Mahin et Fred Pasley, auteur d'une biographie sur Al Capone, ainsi que William R. Burnett, qui écrivit le roman dont s'inspira un autre film de gangster mythique : Le Petit César de Mervyn LeRoy. Burnett est aussi l'auteur, entre autres, des ouvrages qui sont à l'origine de La Grande évasion et Quand la ville dort.

    Mise au poing

    C'est en le découvrant sur la scène d'un théâtre juif que le réalisateur décide d'engager Paul Muni. Le comédien se montre au départ réticent, comme le racontera Hawks à Joseph McBride : "Quand il a accepté ce rôle, il m'a dit : "Je ne suis pas un athlète. Je suis un homme tout à fait sédentaire. - Nous nous occuperons de ça", lui ai-je dit. Il devait frapper quelqu'un. Je ne sais pas si vous vous souvenez, il frappait un type et l'envoyait par-dessus une table. J'ai amené un de mes amis, un ancien champion du monde des poids moyens, et je lui ai demandé : "Est-ce que tu peux apprendre à ce type comment allonger un coup de poing ?" Il m'a assuré que oui. Alors, pendant quinze jours, il a levé sa main gauche comme ça et Muni tapait dessus. Quand nous avons tourné la scène, le gars a commencé avec sa main levée, ensuite il l'a écartée et il a encaissé le coup de poing. Muni restait planté là, à le regarder fixement. J'ai gueulé : "Joue, fils de pute ! Joue :""

    Gangsta Raft

    Le rôle de Rinaldo est interprété par George Raft, découvert par Howard Hawks lors d'un match de boxe. "A cette époque-là, il était porte-flingue pour les gangs", raconte le réalisateur. Issu des quartiers pauvres de New York, l'acteur, qui était apparu dans quelques films avant Scarface, le plus souvent dans des rôles de danseur, était en effet connu pour les solides amitiés qu'il avait conservées dans le milieu de la Pègre. Il était notamment proche de Bugsy Siegel, gangster dont le parcours sera retracé dans un film de Barry Levinson (1991) : aux côtés de Beatty dans le rôle-titre, Raft y est représenté sous les traits de Joe Mantegna. Ajoutons que l'acteur s'auto-parodiera dans Certains l'aiment chaud: "Où as-tu appris ça ?" , demande-t-il à un gangster qui fait danser sur sa main une pièce de monnaie, comme lui-même le faisait dans Scarface...

    Capone et moi

    Dans le livre d'entretiens avec Joseph McBride, Howard Hawks raconte sa rencontre, à Chicago, avec le véritable Al Capone : "On avait rendez-vous à la gare et ils étaient en retard. L'un des gars m'a dit : "Il y a eu une tuerie, la nuit dernière, et nous avons dû aller aux obsèques (...) quand nous sommes entrés dans un café, ils se sont assis le dos au mur et moi le dos à la porte. Il y avait avec nous quelques filles bigrement jolies, un peu effrontées, mais très gentilles. Capone et moi, nous avons pris le thé ; il portait une jaquette, des pantalons rayés, un oeillet ; il s'est montré très cordial, disant combien il aimait mon film. Je suis resté deux, trois heures avec lui. Puis il m'a invité à nouveau, et je suis repassé. Mais il y avait eu une fusillade à Chicago, alors ils m'ont dit qu'il ne pouvait pas venir parce qu'il se planquait à Atlantic City ou quelque chose comme ça. Ensuite, il m'a rendu visite quand je travaillais à Hollywood, et les flics sont venus l'arrêter sur le plateau."

    Soeur Ann

    Pour incarner Cesca, la soeur quasi-incestueuse de Tony Camonte, le cinéaste tient à engager une jeune fille qui, jusqu'alors, n'apparaissait que comme danseuse dans des films de la Metro-Goldwyn-Mayer : Ann Dvorak. Il demande donc au vice-président du studio, qu'il connaissait, de la lui "prêter", et ce pour deux films. On la retrouvera ainsi au générique de The Crowd Roars que réalise Hawks juste après Scarface. L'actrice sera ensuite en contrat avec la Warner Bros.

    Un acteur monstrueux

    Dans l'intervalle qui sépare le tournage et la sortie de Scarface, un des comédiens du film a acquis une immense popularité : l'inquiétant Boris Karloff, qui joue ici le rôle du gangster Gaffney et qui impressionna durablement les spectateurs pour sa composition de monstre dans le Frankenstein de James Whale, sorti aux Etats-Unis à l'automne 1931.

    A cours de Muni

    Paul Muni se verra proposer le rôle de Roy Earle dans La Grande évasion (1941), mais déclinera l'offre de Howard Hawks. Après avoir songé à un autre acteur de Scarface, George Raft, le réalisateur choisira finalement Humphrey Bogart.

    Le clan Perkins

    Vedette du théâtre new-yorkais, Osgood Perkins, qui campe Johnny Lovo, le chef de gang, est le père du comédien Anthony Perkins.

    Remake

    Brian De Palma signera en 1983 un remake de ce classique du film de gangsters. L'action ne se situe plus à Chicago durant la Prohibition mais à Miami en 1980. A Paul Muni-Tony Camonte succède Al Pacino-Tony Montana, et à la bataille pour le contrôle du réseau de distribution d'alcool succèdent les luttes de pouvoir entre gros bonnets de la drogue. Le film est dédié à Howard Hawks et Ben Hecht.

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