Que je suis content d’être parisien. Pas par fierté pour ma région, je m’en fous un peu à vrai dire, mais parce que ça me permet de voir d’excellents films qui ressortent chaque semaine dans les cinémas parisiens. C’est mon premier Hawks et que je puis-je dire si ce n’est que c’est vraiment très bien ?
Rien que l’apparition du personnage est mythique, et fascine le spectateur d’entrée de jeu, cette ombre et ce sifflotement ne sont pas sans évoquer un certain M. Je ne sais pas si Hawks fait référence à M, mais la ressemblance est assez frappante. Le film comporte de magnifiques idées de mise en scène, toujours avec les ombres on a cette scène de fusillade juste sublime, le film a de manière générale de putains de plans.
Mais le mieux reste Paul Muni en truand défiguré, qui a une classe énorme, un personnage réellement fascinant, fou, et très émouvant sur la fin. J’ai beaucoup aimé sa relation avec sa sœur, sa sonnait très vrai, très beau.
Par ailleurs, le film m’a semblé très violent pour l’époque, on n’était pas vraiment sous la censure en 32 (si ça avait été le cas le film ne serait pas passé de toute façon), du coup on a de nombreuses fusillades assez « costauds » pour un film hollywoodien de l’époque. Il me semble même avoir aperçu du sang gicler sur un plan large (enfin c’est furtif). Le film fait vraiment penser à M sous bien des aspects, le film veut dénoncer le milieu de la pègre (c’est très explicite avec le carton du début) mais c’est surtout le destin de cet homme qui retient l’attention, qui fait du mal autour de lui, qui se sépare et s’éloigne progressivement de sa mère et sa sœur, magnifiquement interprétée par Ann Dvorak (non moins magnifique). Toute sa beauté se matérialise à la fin où elle *SPOILERE*, fin qui est particulièrement formidable, toute en tension, avec un putain de silence pesant (qui est là tout le film d’ailleurs, il n’y a pas la moindre note de musique si je ne dis pas de bêtises).
Bref c’est très très bien, assez sublime visuellement, et reste évidemment en mémoire des icônes telles que la pièce de monnaie de l’acolyte et la mitraillette.