Un film ma foi un peu inégal que ce Sanctuaire, qui laisse entrevoir les qualités de Michele Soavi, mais de façon moins percutante que certains de ses autres films, notamment Dellamore Dellamorte.
Dans les bons points on notera les prestations de certains acteurs. Asia Argento est très à l’aise dans un de ses premiers rôles, et s’avère un atout ici, ce qui n’est pas toujours le cas avec cette actrice irrégulière, tandis qu’on retrouve aussi avec plaisir, dans un second rôle toutefois Feodor Chaliapin Jr et la toujours charmante Barbara Cupisti, laquelle cependant souffrira de quelques critiques. En effet les rôles principaux ne sont pas tous très bons, et la cassure avec les seconds rôles, meilleurs, n’en est que plus difficile. Outre Cupisti qui ne joue pas de façon très enthousiasmante, on notera un monolithique Hugh Quarshie, dans le rôle du père Gus, qui ne fait pas grand-chose au final et déçoit. Aussi, pour trouver réellement de l’attrayant il vaudra mieux se reporter sur les seconds rôles, mieux bâtis.
Le travail visuel et sonore de Sanctuaire est aussi très réussi. L’ambiance est prenante, il y a de très beaux décors, d’autant plus que le budget n’était pas folichon, la photographie a fait l’objet d’un travail soigné, et la bande son, qui n’est quand même pas signé par des branquignoles est tout à fait attrayante. Là-dessus il n’y a pas grand-chose à redire, Sanctuaire est bien doté, et c’est d’ailleurs là où il frappe le mieux, avec son esthétique réjouissante. Néanmoins cela ne peut totalement cacher les faiblesses du fond. L’histoire en effet manque de vigueur. Si quelques scènes marquantes (la scène d’amour avec la bête) portés par des effets spéciaux convaincants et quelques effets sanglants solides viennent pimenter le métrage, malgré cela l’impression de longueur est très présente. Le film de Soavi apparait lent, parfois franchement mou, et l’histoire donne le sentiment de ne pas avancer. Ça finit par être redondant, par tourner en rond, des scènes inutiles s’adjoignent même au métrage, qui pourra lasser. Personnellement c’est ce qui m’a le plus gêné dans ce film, dans lequel on sent qu’un rouage manque pour en faire une bande décapante, en dépit de son esthétique remarquable.
Enfin, malgré tout le film reste de bonne tenue et assez équilibré pour tenir le spectateur, d’autant que l’intrigue offre quelques petites idées sympathiques. Porté par son indéniable réussite visuelle, Sanctuaire plaira surtout aux amateurs de films d’horreur d’ambiance, à des spectateurs qui n’ont pas trop peur de pouvoir s’ennuyer parfois. 3.5 quand même, car c’est un film assez singulier et donc recommandable.