Comme toujours chez Claude Lelouch,le style est déconcertant,le fond décriable,les tics de mise en scène omniprésents,le nombrilisme exacerbé.Ce sont des défauts récurrents,qui font qu'il y a viscéralement des anti-Lelouch.Cependant,face à cela,il y a les envolées lyriques,la sublime musique de Francis Lai,la célébration de la vie,l'amour du cinéma et la ferveur pour raconter petites et grandes histoires.Nul doute que "Toute une vie"(1974)fut un de ses films les plus ambitieux.Il suffit de voir cette chronologie étalée sur tout le XXème siècle,le développement parallèle de 2 vies.Celle d'une riche héritière,désoeuvrée,dépressive,qui aime à la folie autant qu'elle déteste une figure du père omniprésente(Charles Denner),qui embrasse des idées socialistes,qui puise dans ses origines juives.Celle d'un petit voyou sympathique,malin comme un singe,qui cherche sa voie,qui grandit en prison,qui se met à tourner des films pornos puis publicitaires avec son ami Charly.2 destinées qui ne se croiseront qu'en toute fin,un seul échange de regards suffira.André Dussolier,au jeu tout en finesse et élégance,et Marthe Keller,la beauté germanique et l'air songeuse,portent le film seuls sur leurs épaules.Lelouch s'amuse de ces coïncidences,mais va parfois trop loin,comme ces scènes surréalistes de l'an 2000.Il faut juste se laisser porter.