Un texte rouge apparait à l’écran, lu en voix off en Sir Sean Connery narrant l’origine des Immortels et leur quête. Puis, le générique démarre, accompagné du monstrueux "Princes of the universe" chanté par le non moins monstrueux Freddy Mercury, avant qu’apparaisse le titre du film sur fond de guitare électrique. En à peine 30 secondes, "Highlander" frappe un très grand coup et capte immédiatement l’attention du spectateur, qui voit la promesse d’un spectacle époustouflant. Mais, au final, si le film est devenu culte, il n’en demeure pas moins très imparfait et, surtout, très marqué par son époque. "Highlander" est, en effet, un pur produit des années 80, époque bénie où les réalisateurs adoraient filmer New-York la nuit, avec ses parkings souterrains humides, ses appartements tellement tendances, ses flics à l’ancienne dans des commissariats où le téléphone ne cesse de sonner. C’est aussi une époque où on accordait un soin tout particulier au look des personnages, quitte à en faire trop d’ailleurs. Et, en toute honnêteté, qui oserait soutenir, aujourd’hui, que le look de Connor McLeod n’était pas terriblement fun, avec son jean, son imper, ses gants, ses baskets, sa barbe naissante et son sabre ? Idem pour sa tenue écossaise. Le détachement de Christophe Lambert et son ricanement si culte achève de rendre le personnage iconique. "Highlander" n’est pas, pour autant, un film uniquement esthétique. Il peut se vanter d’avoir créé un univers original à base d’Immortels se traquant à travers les âges et de combats au sabre conférant une touche d’élégance chevaleresque au récit. Enfin, "Highlander" peut s’appuyer sur une extraordinaire BO puisqu’il compte pas moins de trois hits composés par Queen spécialement pour l’occasion ("Princes of the universe", "Who wants to live forever" et "It’s a kind of magic"). Pour autant, le film ne peut pas être considéré comme une totale réussite, ses défauts étant trop nombreux. Tout d’abord, la mise en scène de Russell Mulcahy est franchement faiblarde, surtout lors des transitions entre le présent et le passé (l’histoire étant construite sur la base de flash-backs expliquant le parcours de McLeod). Une réalisation plus fluide ou, tout simplement, des justifications plus explicites sur les retours en arrière du récit, aurait permis d’atténuer considérablement cette impression de montage haché. C’est plutôt dommage dans la mesure où le réalisateur parvient, par moment, à nous épater avec des séquences émotionnellement chargées (le bannissement de McLeod de son clan, le destin tragique de sa première histoire d’amour, le lien l’unissant avec son assistante qu’il a sauvé lorsqu’elle était enfant…) et quelques pointes d’humour. Il exploite, également, plutôt bien son pitch en mettant en perspective les conséquences de l’immortalité (et le fardeau qu’elle représente) et en ayant l’intelligence de ne pas donner toutes les réponses concernant les Immortels (ce que le second volet tentera de faire, avec peu de succès). L’écriture des personnages aurait, également, pu être plus soignée, notamment sur le plan de leurs motivations. A titre d’exemple, je n’ai toujours pas compris pourquoi l’Immortel Ramirez forme l’autre Immortel McLeod alors que, comme chacun sait, "à la fin, il n’en restera qu’un". Les personnages féminins ne sont, du reste, pas vraiment gâtés ici, à commencer par l’experte joué par Roxanne Hart, qui sert davantage de référent au spectateur que de moteur à l’histoire. Quant au Kurgan, le grand méchant de l’histoire joué par Clancy Brown, il ne brille pas par sa subtilité, le cabotinage de l’acteur et le look outrancier dont il est affublé n’aidant pas, il est vrai. Heureusement, il y a Sean Connery qui, comme toujours, éclabousse de sa classe et de son charisme époustouflant, le moindre des films auxquels il participe. Malgré un temps de présence à l’écran limité, il magnifie ce rôle de mentor pourtant peu écrit et qui, joué par un autre, aurait sans doute était des plus banals. Au final, "Highlander" n’aurait pu être qu’une simple série B mais, grâce à un univers atypique, un duo d’acteurs impeccable et un BO dantesque, est parvenu marquer le cinéma des années 80. Ses suites ne pourront pas en dire autant…