Elles sont finalement peu nombreuses ces suites à la réputation aussi désastreuse. Ces suites accusées d’avoir torpillé le film d’origine et, ainsi, tué dans l’œuf une saga prometteuse. Ces suites dont on ne peut s’empêcher de penser qu’elles ont été imaginées par des scénaristes (et des producteurs) primitifs, se refusant à toute ambition artistique au profit d’un recyclage bête et méchant de ce qui est censé "marcher" au cinéma… Et, dans cette catégorie, "Highlander 2" n’est pas loin de faire figure de parangon indépassable, au point d’être devenu culte avec les années dans le genre "nanar sympathique". Il faut dire que cette suite faite quand même tous les efforts pour flinguer l’essence du premier opus ! Exit le storytelling avec son récit à l’époque contemporaine truffé de flash-back à travers les âges. On a droit, désormais, à un futur post-apocalyptique sans grand lien avec l’idée qu’on se fait de l’univers "Highlander" (on se croirait devant un ersatz mal dégrossi de "Total Recall"). Exit le mystère tellement pertinent autour des Immortels. On leur confère désormais une origine extraterrestre !!! Exit, du coup, la cohérence scénaristique puisque MacLeod n’est plus de dernier Immortel. Exit, enfin, la fantastique BO de Queen, à qui le premier opus doit tant, au profit de pas grand-chose d’un point de vue musical… Et ne parlons même pas de la mise en scène sans intérêt de Russell Mulcahy, qui multiplie les scènes grotesques (ah ce combat entre le vieux MacLeod et les extraterrestres volants, repoussant la définition du cabotinage) et les séquences trop longues, le tout agrémenté d’effets spéciaux bien dégueulasses ! Non, définitivement, on ne peut pas reprocher aux spectateurs de l’époque d’avoir hurlé devant le spectacle proposé au vu des ambitions qu’avaient pu faire naître son prédécesseur. Et pourtant… Sans que je ne me l’explique vraiment, je n’ai pas détesté cette suite ! Car, une fois posé le principe qu’on se trouve devant un nanar, je dois reconnaître que j’ai même apprécié le film par moment, notamment pour ses aspects les plus "wtf". Christophe Lambert, tout d’abord, est définitivement iconisé à l’occasion d’une scène le faisant passer d’un vieillard franchement ridicule (plus que le maquillage, c’est bien sa voix qui restera dans les mémoires comme une de ses prestations les plus invraisemblables) à un guerrier christique, sortant des flammes sur une musique triomphante. A ce plaisir coupable s’ajoute, bien évidemment, le retour pour le moins inattendu du monstrueux Sean Connery qui, visiblement très conscient de la qualité du projet auquel il participe, fait un peu ce qu’il veut… et s’empare, ainsi, des meilleures scènes à la seule force de son charme décontracté et de son humour. Ainsi poussif soit son retour d’un point de vue scénaristique, on ne peut qu’être soulagé qu’il vienne agrémenter le récit de son charisme (voir son arrivée au théâtre ou encore la scène du tailleur). Le grand méchant Kanaka, pour sa part, n’est pas un modèle d’originalité mais l’interprétation du grand Michael Ironside est, tout de même, moins braillarde que cele de Clancy Brown en Kurgan. Quant au personnage principal féminin, tout aussi caricatural soit-il (l’activiste qui tombe éperdument amoureuse en un claquement de doigts) il faut bien admettre que Virginia Madsen a beaucoup plus de présence que la transparente Roxanne Hart. Les outrances très 90’s du film lui confèrent, par ailleurs, un charme inattendu et permettent, presque, de se dire que cette suite propose autre chose qu’une simple redite du premier opus, quitte à faire dans le grand n’importe quoi. Je n’ai, certes, pas vu les versions alternatives du fil (faut pas exagérer non plus) mais je doute que le gommage des défauts majeurs (à commencer par l’origine extraterrestre des immortels) puisse permettre d’en faire un bon film. "Highlander 2" peut (doit !), ainsi, se regarder avec une bonne distance, seul moyen d’y prendre un certain plaisir (coupable donc). Ce qui explique ma note très généreuse...