Une idée originale, qui aurait pu être la base d’un bon suspens, voire d’un huis clos étouffant. Une fuite dans une centrale nucléaire, la zone évacuée, mais une bande de jeunes reste coincée dans une ferme isolée. Le synopsis officiel du film nous dit qu’ils « vont perdre leurs certitudes ». Là, franchement, on ne voit pas trop de quoi on parle. Ça pleurniche, ça ment, ça s’embrasse, ça s’énerve, ça se dispute, ça s’en va (de la ferme) et ça revient (à la ferme). Bref, tout ça était hautement prévisible, mais les certitudes susmentionnées, on ne voit pas très bien de quoi il s’agit. Ceci n’aurait pas été bien grave si le film avait réussi à choisir ce qu’il voulait montrer : des relations humaines tendues dans un milieu clos et angoissant ? Un bon film catastrophe du dimanche soir ? Non. Je crois que Gaël Lépingle se croit doté d’un devoir messianique, et vise ici à nous envoyer un message politique « qui dérange », afin de nous éclairer sur les dangers du système, nous qui sommes un peu dans l’obscurité. Il faut donc voir ce film comme une dénonciation « engagée » (je mets des guillemets, tout de même !) et un tantinet complotiste (si si si) d’un Etat fourbe et manipulateur, nous cachant tout sur la véritable horreur du nucléaire – d’ailleurs des plans réguliers et aussi longs qu’inutiles sur de gentilles éoliennes nous rappellent subtilement (je suis ironique) à quel point il y a des alternatives douces et non dangereuses, il suffirait presque de le vouloir. Le message étant, pour l’auteur, inattaquable, il est donc inutile d’essayer de s’encombrer de détails techniques : un scotch sur un IPhone et hop ! on te mesure la radioactivité de l’air au travers des rideaux du salon… en millisievert ! Le sievert est indicateur de dose reçue cumulée, et non d’intensité de radiations- il aurait peut-être fallut prendre des Becquerels, mais c’est un détail de technicien, j’imagine. Cette erreur grossière révèle une absence totale de recherche, même basique, sur le sujet, ce qui n’empêche pas l’auteur de nous livrer un film aussi moralisateur qu’insipide.