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Yves G.
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2,0
Publiée le 9 mai 2022
Jeune réalisateur madrilène, encensé par la critique (sauf la mienne) pour son précédent film, "Eva en août", Jonás Trueba avait décidé en 2015, de filmer une bande d’adolescents. Le projet s’est poursuivi pendant cinq ans. Il en rappelle d’autres aussi ambitieux : "Boyhood" de Richard Linklater (mon film préféré en 2014), "Adolescentes" de Sébastien Lifshitz…
Mais "Qui à part nous" – traduction malhabile de "Quién lo impide" – a plusieurs défauts que ces précédents remarquables n’avaient pas. Leur principe était de suivre dans la durée des enfants et des adolescents pour raconter cet âge charnière. Qui à part nous est étrangement statique : entre le début du film et la fin, ses personnages ont beau avoir pris cinq ans, à un âge pourtant où ces cinq ans là comptent diablement, on ne les voit pas évoluer, on ne les voit pas changer. Sans doute, "Qui à part nous" réussit-il à capter l’essence de l’adolescence : il montre avec beaucoup de tendresse l’émotion des premières amours, la timidité maladive, que peine à cacher les fous rires, des inhibitions adolescentes, la colère rebelle que suscite l’âge adulte dont ces jeunes veulent dépoussiérer les codes ; mais il échoue à montrer, alors même que c’était un de ses objectifs et qu’il s’était inscrit dans le temps long pour l’atteindre, les changements que cet âge emporte.
Deuxième défaut : la confusion constante qu’il entretient entre la réalité et la fiction. Cette confusion est d’ailleurs revendiquée par son réalisateur qui a demandé à ses personnages de jouer des situations. Il se revendique, dit-il, d’un cinéma « possibiliste » : « montrez-moi les « possibilités » de ce que pourrait être votre vie », demande-t-il aux acteurs. On ne sait donc jamais si les scènes qu’on nous montre, par exemple leur voyage scolaire en Andalousie ou les vacances de Candela en Estrémadure, sont des images volées de la vie de ces adolescents ou des situations que Jonás Trueba leur a demandé de jouer.
Troisième défaut, rédhibitoire : "Qui à part nous" dure trois heures et quarante minutes. Même interrompue par deux entractes de cinq minutes – qui font naître la nostalgie des ouvreuses circulant avec leur panier de confiserie – cette durée obèse est exténuante. Elle l’est d’autant plus que la première partie de ce documentaire-fiction est particulièrement confuse, qui nous introduit un nombre de personnages trop nombreux qu’il est difficile d’identifier. Nombreux sont les spectateurs qui, n’y comprenant rien et peu désireux de n’y rien comprendre pendant trois heures encore, prennent la poudre d’escampette. Ils ont à moitié raison : les deux autres parties se recentrent sur un nombre plus restreint de personnages et sont plus lisibles, mais la durée exagérément longue de chaque scène – une discussion à bâtons rompues sur le sens de la vie dure une bonne vingtaine de minutes – vient à bout de la résistance physique et psychologique du spectateur même le mieux disposé.
Durant cinq années le réalisateur Jonas Trueba suit tout un groupe d’adolescents. Ce film est le récit d’une jeunesse engagée dont l’insouciance est frappée par la crise sanitaire. Mais si le principe de cet ovni cinématographique est alléchant sur le papier, le propos du film est noyé par le nombre de protagonistes et surtout par sa longueur (3H40 !) et malgré les deux entractes, difficile de s’accrocher.
Touchant, impressionnant, Qui à part nous détonne par sa manière si singulière et si authentique de filmer la jeunesse d’aujourd’hui. La magie du film repose sur ces jeunes qui se livrent à cœur ouvert.
Suivre des adolescents pendant plusieurs années, Trueba n'est pas le premier à s'y être essayé. Sa méthode sur cinq ans est quelque peu différente des autres car il a pris dès le départ, en 2016, deux jeunes acteurs de "La Reconquista", sorti la même année, Candela Recio et Pablo Hoyos. Ils jouaient Manuela et Olmo jeunes et sont un peu le fil rouge du film. "Quién lo impide" (le titre original, signifiant "qui nous en empêche" et titre d'une chanson de Rafael Berrio, qu'on aperçoit dans le film et qui est mort en 2020 d'un cancer) est donc un docu-fiction tourné en cinéma direct, avec parfois une voix-off et les séquences de début et de fin captation d'un Zoom, confinement oblige. Ainsi il arrive à tirer le portrait de la société et d'une certaine jeunesse espagnole dans un récit qui ne faiblit pas.
Comme quoi l’on peut être le fils d’un riche réalisateur et ne pas avoir de meilleure idée que filmer les copains de sa fille en train de boire… pendant presque quatre heures. Film trompeur à tous les niveaux, le tournage a duré un an à peine, seule une conversation Zoom avec les protagonistes pour leur dire que le montage est terminé trois ans après permet d’arriver à ce « cinq ans » dont on ne voit jamais la couleur. Montage dont on se demande qui en avait la responsabilité, même les insupportables délais de connexions en ligne n’ont pas été supprimés dans un élan de post-modernisme qu’on désespère de voir revivre…
Magnifique! Un vrai bain de jouvence de suivre ces jeunes aussi drôles que touchants. Un grand et beau film audacieux comme il y en a peu, une forme en dehors des sentiers battus et une expérience de cinéma inédite. N'hésitez pas!!!
Jonas Trueba décide en 2016 de filmer un groupe de jeunes lycéens madrilènes : leurs rêves, leurs peurs, leurs premières fois. Il capte avec beaucoup de spontanéité les passages obligés, de l’enfance vers l’âge adulte. Enfin un film qui représente la jeunesse !! Ce qu’elle pense et ce qu’elle vit, loin des clichés. Les personnages sont à l’image des rencontres de la vie : certains visages se distinguent des autres puis deviennent récurrents, d’autres surviennent et disparaissent.
Qui à part nous partage cinq années de la vie adolescente de ces jeunes gens, car il s’agit bien d’un film sur le partage. En témoignant de jeunesses individuelles, Trueba atteint une portée universelle. Les uns racontent les histoires des autres, et à travers leurs aventures, le spectateur revit ses propres souvenirs : nous faisons partie du voyage.
Les qualités documentaires sont présentes aux prémices de ce (très) long-métrage, alors que le processus de réalisation se mêle au film lui-même. Nous nous interrogeons néanmoins petit à petit sur la nature de ce que nous voyons. Les procédés de captation, le mélange des formats vidéo ainsi que le sujet ne nous permettent pas de douter de l’authenticité des faits qui nous sont exposés. Mais certaines scènes, par leur trop grande vraisemblance alors que la présence de la caméra se fait ressentir, nous font comprendre qu’il ne peut s’agir que de fiction sinon de voyeurisme. Le docufiction offre ainsi une nouvelle place au spectateur : entre personnage à part entière de l’histoire et observateur, dans une œuvre entièrement pensée pour la salle de cinéma.
Les 3h40 de film, source inévitable d’effroi chez tout spectateur qui envisageait d’assister à cette séance, sont remarquablement envoûtantes. Trueba réussit le pari d’un film original et d’une expérience totale lors du visionnage, alors que les deux entractes qui rythment la séance y contribuent pleinement.
« Ce n’est pas un film que je peux finir, c’est un film que j’abandonne » avait avoué le réalisateur lors de son passage au Festival du Cinéma Espagnol de Nantes le 15 mars dernier. Abandonnons-nous à ce film mais surtout gardons-le précieusement dans nos albums de photos de lycée, car Qui à part nous est un cadeau.