https://leschroniquesdecliffhanger.com/2023/05/21/banel-et-adama-critique/
Tout au long du film, nous sera délicieusement soufflé à l’oreille « Banel et Adama « . Cette phonétique devient une poésie, et finit par s’imposer à nous autant qu’à eux comme une évidence, c’est Banel et Adama. Ramata-Toulaye Sy partage avec son héroïne la détermination chevillée au corps, la rage d’aimer ancrée au cœur. Banel, c’est un portait salutaire d’une femme forte et contemporaine, avec cette aspiration d’aller au bout de ses passions. En Afrique, mais partout ailleurs, c’est une ode à la liberté d’être au monde.
La première partie sera chantante, ensoleillée, avec un Sénégal jamais carte postale, mais portée par les couleurs vives et chaudes des tenues de Banel, qui se fond dans le soleil, qui est le soleil. C’est l’avènement de leur amour, leur projet n’en déplaise aux grincheux, est de déblayer le sable pour vivre au creux de leur maison. Ils y retournent inlassablement, car c’est l’accomplissement de leur destin commun. Puis ils vont moins s’y rendre dans la deuxième partie, plus sombre dans sa mise en scène, dans sa photographie et des effets plus anxiogènes.
La sécheresse devient implacable, le bétail meurt à petit feux, et avec lui les illusions. Banel se met jouer du lance-pierres pour ensuite faire griller les lézards. Décidément, elle n’est pas comme les autres, limite flippante dans ses obsessions et on comprend qu’elle ne se soumettra pas à une hiérarchie clanique pourtant bien établie. Quelques petites longueurs viennent ponctuer Banel & Adama, ainsi que des bizarreries, et parfois une évidente naïveté, mais qui, assumée ou pas, ne gâchent pas l’énergie romanesque qui émane de ce premier film.
Banel & Adama est un conte très poétique et totalement original dans son aspiration d’un portrait de femme prête à tout, dans une communauté pourtant si codifiée. Leur amour fou est forcément inspiré et inspirant, car finalement l’amour, c’est… Banel et Adama.