Mandicco est de moins en moins subtil. Ou il ne l'a jamais vraiment été On hesitera pas à dire de plus en plus lourd. Connan est son film le plus populaire, parce que tout entier dédié à un maniérisme pop qui le fait passer pour un clip géant, aux références manifestes (Satyricon, Lola Montés, Fassbinder, Bersek, Marketa Lazarova) et au premier degrés sympathique. Il tire un parti plutôt brillant de ces dialogues surrécrits (avec une emphase jamais ridicule) et c'est ce qui fait que les longs métrages de Mandicco sont plus réussis que ces moyens, Il révèle un talent pour diriger ses acteurs et leur donner un texte théâtrale et grandiloquent qui demande du coeur et de la conviction qui fonctionnent et créent une forme épique obligée. Conann n'en manque pas, de coeur, de tenus, de convictions. Transformant les amandiers en Pinewood, le réalisateur use et abuse de tous les trucs possibles, pour concrétiser un rêve touchant et obsessionnel, faire revivre un glorieux cauchemar. Tous les trucages semblent ici se regrouper pour permettre à Mandico de faire son "Qu'Il est difficle d'être un Dieu" pop. Et si il sidère parfois, il interroge beaucoup. Que voit-on ? Est-ce inspirant ? Original ? Ou veut-il en venir ? Et bien malgré tout ce travail et ce talent on dira que ce n'est pas très original ni très inspirant mais bel et bien surprenant. Le film garde une rigueur bienfaisante dans la mise en place de situation quasi shakespearienne (la visite de Rainer à la première incarnation de Soja dans le Bronx, l'initiation de la narratrice au sang et à la chaire) , bien qu'il accumule certaines facilités de goûts (les personnages queer décadent ou lesbos guerriers, le chien faustien pas toujours inspiré, et les voix off redondantes), il reste une bonne grosse BD filmée, et c'est déjà pas si mal. Bien qu'à la fin on se sente plus proche de Jodorowsky que de Jaromil Jirés, Mandico est quand même beaucoup plus doué que Zack Snyder. Blague à part, le film a du mal à décoller des obsessions de son cinéaste, son portrait en forme Lola Montés, d'une Bruhnilde qui mute à chaque renaissance, à la recherche de l'immortalité et/ou d'une humanité, ne provoque pas un intérêt démentiel, ni constant, mais sur un sujet aussi casse gueule, Mandico s'en tire bien, il faut convenir qu'on pourra toujours avoir du mal a trouvé son esthétique fascinante (la musique ici n'aide pas) et qu'on a l'impression parfois, d'un cache sexe, mais jamais au détriment de l'efficacité du spectacle et de la sincérité de son auteur