On est ici face à l’adaptation cinématographique d’un roman éponyme de Sylvain Tesson, une œuvre elle-même autobiographique puisqu’inspiré d’un évènement issu de sa propre vie et plus particulièrement d’un grave accident qu’il a subi. Avant cela, également tiré d’une œuvre de ce romancier et aventurier, on a eu droit au cinéma au film très sympathique et dépaysant « Dans les forêts de Sibérie » adapté par Safy Nebbou et avec Raphaël Personnaz. Mais aussi au documentaire à succès qui a fait le tour du monde, « La Panthère des neiges », un travail inspiré de sa rencontre avec cet animal en voie de disparition grâce au photographe animalier Vincent Munier. Tesson et Meunier y sont d’ailleurs les protagonistes et narrateurs. Le coma artificiel vécu par Tesson suite à sa chute puis la rééducation qui l’ont suivi ont rendu l’auteur avide de ces grands espaces qui lui manquaient tant (c’est un écrivain explorateur qui a fait le tour du monde). Il a donc traversé la France à pied selon la diagonale du vide contre l’avis de ses médecins. Et il en a fait un livre, intitulé donc « Sur les chemins noirs », dont voici le versant cinématographique.
Une œuvre qui prouve que tous les écrits ne sont pas forcément bons sur grand écran. Ou alors que celui-ci n’a pas eu la chance d’avoir le meilleur des transcripteurs en la personne du réalisateur. Ici c’est Denis Imbert qui est à la mise en scène et sa carrière ne présageait pas du meilleur. En effet, il a été assistant réalisateur sur beaucoup de films peu mémorables et réalisateur du nullissime « Vicky » ainsi que du film animalier très peu intéressant « Mystère ». On peut toujours être surpris, il est vrai, mais il est clair que cela commençait mal, surtout avec un roman très introspectif faisant la part belle aux réflexions personnelles et aux paysages. Pour sûr, un nouveau documentaire avec l’écrivain lui-même eut été bien plus logique et adapté. Certes, « Sur les chemins noirs » n’est pas non plus mauvais ou raté mais il s’avère peu enclin à nous faire ressentir le chemin parcouru par Tesson, psychologiquement comme visuellement. Heureusement, le film est assez court et n’ennuie pas mais il ne fait vraiment pas honneur à cette incroyable histoire de résilience et de dépassement de soi.
On attendait au moins de superbes paysages bien mis en valeur. Et si certains font leur effet, c’est comme si Imbert avait choisi de montrer le moins beau, le plus banal. On est donc également déçu à ce niveau. Et quand un homme fait une traversée de la sorte en solo, il faut savoir garder l’attention du spectateur. De « Seul au monde » à « Into the Wild », ce type d’aventures peut aussi bien ennuyer (le premier, et oui...) que fasciner (le second). « Sur les chemins noirs » rentrerait presque dans la première option, à la limite d’être chiant, s’il n’était si court. Les logorrhées verbales du personnage, très (trop) écrites pour le cinéma, ont leur place dans un livre mais passent beaucoup moins à l’écran. Entre aphorismes pompeux et petites vérités agréables à entendre, on est dans un entre-deux que cette voix off omniprésente rend plutôt répétitif et hésitant. Quant aux seconds rôles, ils n’ont absolument pas le temps d’exister et ne font que passer, rendant le long-métrage encore plus maladroit et futile. Le montage alterné était une évidence et aère un peu l’ensemble mais les scènes d’avant sont trop courtes et n’atteignent pas leur but. Heureusement, il y a Jean Dujardin. Impérial et excellent, il relève le niveau avec brio de cette adaptation plus inutile que ratée. Un film qui donne surtout envie de plutôt lire le livre...
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