La France est belle… oui et alors ?
Après une carrière d’assistant réalisateur, Denis Imbert a pris son envol de réalisateur en 2015 avec le pitoyable Vicky, suivi d’un honorable Mystère. Le voilà de retour avec du beaucoup plus lourd avec cette adaptation du best-seller autobiographique de Sylvain Tesson de 2016. Un soir d’ivresse, Pierre, écrivain explorateur, fait une chute de plusieurs étages. Cet accident le plonge dans un coma profond. Sur son lit d’hôpital, revenu à la vie, il se fait la promesse de traverser la France à pied du Mercantour au Cotentin. Un voyage unique et hors du temps à la rencontre de l'hyper-ruralité, de la beauté de la France et de la renaissance de soi. 95 minutes en solitaire à parcourir ce qu’on appelle La Diagonale du vide. La gageure est-elle tenue ? A vous de juger. Pour ma part, je reste assez partagé devant ce drame somme toute assez convenu.
D’abord, j’aimerai qu’on m’explique pour quoi le héros par de La Diagonale du vide alors qu’il traverse la France du sud-est au nord-ouest alors que cette fameuse diagonale désigne un axe allant des landes à la Meuse, soit parfaitement l’inverse ? D’autre part, je me méfie toujours des réactions des spectateurs qui, au sortir de la séance, se contentent de dire « il y avait de belles images ». Oui, la France est belle, mais ça ne fait pas un film, en tout cas pas un scénario. Alors du scénario, parlons-en. Imbert a voulu à tout prix éviter le long récit chronologique de cette longue marche à la fois réparatrice et initiatique. Grâce lui en soit rendue. Il a donc morcelé son récit de retours en arrière pour expliquer l’accident, ses tenants et ses aboutissants, qui a poussé Pierre, le héros, à tenter cette traversée de l’impossible. Mais là aussi, il bouleverse ladite chronologie du récit au passé. Déroutant, parfois maladroit, - voix-off envahissante -, voire agaçant. Reste la reconstruction d’un homme qui accepte de se perdre pour se retrouver.
Ce qui est certain, c’est que ce film offre à Jean Dujardin un rôle d’une grande force qu’il assume avec un véritable talent. Les « guests », parfaits également avec Izïa Higelin, Anny Duperey, Jonathan Zaccaï, Joséphine Japy, n’empêchent pas le film de tourner un peu à vide à cause de son héros qui se la joue à la mode aventurier « hemingwayen » à grands coups de cigares, de regards perdus vers l’horizon et aphorismes de haute volée. Agaçant, car on était en droit d’attendre plus de cette adaptation.