OVNI historique… un nouveau concept
J’avoue ne pas avoir vu le 1er film sur grand écran signé par Romain Quirot en 2021, Le dernier voyage. On était dans l’univers de la science-fiction. Cette fois, on plonge durant 95 minutes dans l’Histoire, pour une aventure de gangsters. 1900. De Montmartre à Belleville, Paris est aux mains de gangs ultra violents qui font régner la terreur sur la capitale : les Apaches. Prête à tout pour venger la mort de son frère, une jeune femme intègre un gang. Mais plus elle se rapproche de l’homme qu’elle veut éliminer, plus elle est fascinée par ce dernier. Romantisme vénéneux, anachronismes assumés, pop-culture, ambiance western… un cocktail violent pas toujours facile à avaler mais sauvé par une mise en scène léchée et un casting très investi. Une curiosité à découvrir.
C’est Gang of New-York à la sauce parigote des débuts du XXème siècle… Mais n’est pas Scorcese qui veut. C’est du cinoche populaire – au vrai sens du terme -, qui tourne parfois en surrégime – on a l’impression que Quirot, à certains moments, est dépassé par son propre projet -, mais qui reste malgré ses maladresses et pas mal d’outrances ; plutôt attachant. Au débit de cet objet indéfinissable, des anachronismes volontaires mais dont on se demande ce qu’ils apportent de plus au scénario, une voix off indigeste et une propension exagérée pour le mélo dans sa dernière partie. A son crédit, la forme, costumes, décors – pas très naturels avec sa palette graphique en folie -, photographie, et surtout le jeu des acteurs et des actrices qui emporte le morceau – pourtant parfois dur à avaler. Bref ce film détone dans la production française actuelle tout simplement parce qu'il ne ressemble à aucun autre. Rien que pour ça, il est estimable.
Alors ce casting ! Il est dominé par la violence d’Alice Isaaz, étonnante en Calamity Jane de Belleville. Les Apaches, Niels Schneider, Artus, inattendu dans un rôle à contre emploi -, Rod Paradot, Dominique Pinon, Emilie Gavois-Kahn, sont excellents, sans oublier Bruno Lochet épatant dans la peau de ce curé au grand cœur, dépravé et défroqué. Quant à la participation fugitive de Rossi de Palma, dans le rôle de Sarah Bernhardt, c’est un anachronisme à elle toute seule, et sûrement pas le plus acceptable. Un film ambitieux mais loin d’être maîtrisé, qui, à tout miser sur son rythme et son esthétique, en perd son âme. Des regrets, car l’idée était belle, mais sans doute au dessus des capacités de Romain Quirot auquel il faudra accordé une seconde chance.