Voilà le film choc de l'année 2024, le film glaçant, le film dégueulasse et presque insoutenable ; enfin c'est du moins comme tel qu'il est décrit par de nombreuses critiques... et nous en sommes pourtant bien loin, enfin en tout cas dans la majeure partie. Première réalisation de Veerle Baetens, le film adapte le roman éponyme de Lize Spit narrant l'histoire d'une jeune femme qui retourne dans son village tout en repensant à cet été qui a tout changé durant son enfance. Bon, pour la faire courte, elle a subi un traumatisme plus jeune dans son village et y retourne pour la première fois. On se doute assez vite de la nature du traumatisme en question, pas de surprise à ce niveau-là mais comme c'est quand même plus ou moins évident, je pensais qu'on allait y venir bien plus tôt. Mais non au lieu de ça, le film alterne entre présent et passé, c'est-à-dire entre la fille qui trimballe un bloc de glace dans son coffre et en étant froide avec les deux/trois pécores qu'elle croise et puis le passé avec cette fois la jeune fille qui est la partie la plus réussie mais pas exempt de défauts, loin de là ! La plus réussie en effet car tout d'abord, le "présent" est mis en scène de manière très pompeuse, un peu en mode film d'auteur qui prétend ne pas en avoir conscience, ce qui rend le tout plutôt détestable, surtout qu'on n'arrive pas à s'attacher au personnage principal, tir heureusement rectifié dans les flashbacks. En effet, c'est là que l'on va vraiment s'attacher à l'héroïne, via son enfance et surtout tout ce qu'elle endure. Alors c'est un enfance particulière certes dans un contexte familial assez lourd avec deux de ses potes qui se foutent de sa gueule en permanence mais ça reste une enfance relativement classique à la campagne de ces années-là. Enfin oui bien-sûr, l'ambiance est relativement malsaine mais ça reste des gamins qui jouent à touche-pipi pendant une heure quoi, rien de bien fou ni de passionnant. Ce que je veux dire, c'est que le film n'est jamais progressif, il installe son ambiance lourde et oppressante dès le début, le spectateur sachant très bien où tout cela va mener, pour ne plus y toucher jusqu'à cette fameuse scène qui fait, quant à elle, basculer le film dans un tout autre registre et peut enfin se targuer d'être dérangeant et glaçant. Et oui car ce n'est qu'au bout d'une heure et demi que cette scène arrive, je veux bien que le film veuille faire monter la tension etc. mais cette progression est utile quand elle est bien mise en œuvre et puis surtout quand elle entretient le mystère ! Ce qui est d'autant plus dommage et frustrant, c'est que la dernière demi-heure est très réussi, la colère monte chez le spectateur, on est évidemment à fond avec le personnage principal et on déteste les autres et les scènes dans le présent deviennent enfin aussi intéressantes que les flashbacks. Mais le film n'explore que trop peu "l'après", préférant se concentrer sur un "avant" quand même, au bout d'un moment, très chiant. Concernant le casting, on retiendra finalement surtout Rosa Marchant qui excelle dans un personnage pourtant vraiment très difficile à interpréter. "Débâcle" est donc un film qui a complètement foutu en l'air son potentiel qu'il exploite enfin dans sa dernière demi-heure et qui se complait dans l'espèce de violence psychologique qu'il cherche - souvent vainement - à mettre en place dans sa première heure et demi.