Avec son titre racoleur (pour ne pas dire "putaclic"), le documentaire de Jan-Willem Breure aurait tout autant pu s’appeler « La pédophilie à travers notre société » mais préfère aborder la pédophilie sous cet angle puisque la société a tendance à extrapoler, pour ne pas dire, à généraliser en insinuant que tous les hommes seraient de potentiels pédophiles.
Are all men pedophiles ? (2013) décrypte la pédophilie à travers les âges, les siècles, les religions et les cultures. Comment en est-on arrivé à croire/penser que tous les hommes seraient de supposés pédophiles ? Voir un homme embrasser maladroitement un enfant ferait-il de lui un pédophile ? Alors que si c’était une femme, jamais on n’imaginerait cela (parce que l’on a tous en nous, l’image de la femme nourricière, celle qui donne la vie, …). Le film revient d’ailleurs sur ce sujet, la faculté que l’on a, à accuser un homme de pédophilie alors qu’il existe aussi bien des femmes pédophiles.
Le film tente de nous éclaircir sur la définition même du mot « pédophilie » (qui a été choisi par les médias pour simplifier), car derrière ce mot, se cache en réalité différents termes qui varient en fonction de l’âge de la victime (si un pédophile est attiré par un enfant âgé entre 0 & 3 ans « infantophilie », moins de 13ans (ou pré-pubertaire) « pédophilie » et si l’enfant est adolescent (entre 12 & 16 ans) « l’éphébophilie »). Le film fait aussi le distinguo entre les pédophiles et les « pédophile exclusif » (d’un côté, ceux qui ne sont attirés que par les enfants et de l’autre, ceux qui sont attiré par les enfants et les adultes).
Il n’existe pas de définition commune pour la pédophile en fonction des cultures puisque l’âge du consentement légal varie en fonction des pays (entre 9 et 20ans !). Tout en sachant qu’au Japon par exemple, l’attirance pour les jeunes filles y est très clairement explicite aussi bien dans les mangas qu’à la télévision.
Le documentaire, bien que très court (60min), s’avère très (trop) dense. Découpé en plusieurs chapitres, il revient sur les prémices de la pédophilie (les romains et les grecs pratiquaient la « pédérastie » (qui peut être assimilé à de la pédophilie, plus précisément à de « l’éphébophilie » puisqu’il s’agissait la plupart du temps d’une relation entre un adulte et un jeune homme). Le film questionne aussi l’église et le célibat imposé aux prêtes (et ses nombreux cas d’attouchements), le ou les traitements qui pourraient voir le jour (la castration chimique, le suivi psychologique, …), ainsi qu’un questionnement relatif à la pédophilie dans le futur (avec un parallèle assez douteux avec l’homosexualité). Est-ce que la pédophilie sera accepté d’ici quelques décennies, comme cela a été le cas avec l’homosexualité, cataloguée comme une maladie à ses débuts (faire le parallèle homosexualité > pédophilie, je trouve cela très maladroit).
Enfin, entre deux explications (très didactiques), le film donne aussi la parole à une victime, ainsi qu’à des pédophiles (c’est bien vu de la part du réalisateur d’avoir donné la parole aussi bien à un homme qu’à une femme).
Le film interroge aussi la façon avec laquelle l’industrie de la mode a tendance à (hyper)sexualiser les jeunes filles. Enfin, le réalisateur tient à rappeler qu’il y a une réelle différence entre l’hébéphilies (une attirance) et la pédophilie (l’attirance primaire et sexuelle).
Au final, il en ressort un documentaire assez complet, parfois trop. On aurait préféré qu’il dure un peu plus longtemps, histoire d’avoir le temps de digérer autant d’informations en si peu de temps.
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