So Bad it's Good : Les films tellement mauvais qu'ils sont bons (2018) est un documentaire qui comme son titre l’indique, s’intéresse à ces films taxés de nanars qui sont tellement mauvais qu’ils en deviennent bons, voir drôles. Les réalisateurs Stéphane Bergouhnioux & Jean-Marie Nizan se sont intéressés à ce phénomène qui touche la planète entière, pourquoi est-ce que les mauvais films parviennent à capter une audience qui leur est aussi fidèle ? Des fans qui vouent parfois un véritable culte à certains films ratés au point de les partager en groupe comme pour une meilleure expérience.
Un documentaire de 52min à travers lequel on fait un bon dans le temps, des années 50 à aujourd’hui, du cinéma bis en passant par la Série B voire Z, portrait sociologique d’un amour du 7ème Art déviant (faut-il être masochiste pour aimer les mauvais films ?). Le nanar touche toutes les catégories du cinéma et ce, depuis de nombreuses décennies. Le western, le drame, le péplum, la science-fiction, le fantastique, l’horreur, le romantique, … rien ne lui échappe, c’est un genre à part entière et intarissable. Les réalisateurs sont allés questionner des professionnels du cinéma pour tenter de comprendre comment et pourquoi le nanar attire toujours autant les foules et n’est plus seulement cantonné à une niche de spectateurs.
Des interviews diverses et variées, de Paris à Hollywood, on y croise pêle-mêle Emmanuel Rossi & Régis Brochier (Nanarland), Michael Rousselet (initiateur du buzz sur le film The Room), Jean-François Rauger (Directeur de la programmation de la Cinémathèque Française), le pape de la Série B Roger Corman (l’homme aux 400 films et qui fut couronné d’un Oscar d’honneur en 2010), Judd Apatow, Anthony C. Ferrante (réalisateur de tous les opus de la saga Sharknado), David Michael Latt (producteur des Sharknado et surtout, fondateur de The Asylum), John J.B. Wilson (créateur des Razzies Awards, la parodie des Oscars qui récompense le pire du cinéma), ainsi que Xavier Giannoli.
Le tout, entrecoupé d’extraits de films de Neil Breen, d’Ed Wood (Plan 9 from Outer Space - 1958), de Lloyd Kaufman (The Toxic Avenger - 1984) qui s’est fait une spécialité de réaliser des Séries Z avec sa société Troma, Terreur à Tiny Town (1938) un western avec que des nains ou encore le kitchissime Flash Gordon (1980). Le film fait aussi quelques focus sur des œuvres marquantes ou ayant drainé un fort buzz (ou bad buzz) à sa sortie, avec notamment l’incroyable The Room (2003) de Tommy Wiseau, avec un extrait de sa venue au Grand Rex en 2018, Showgirls (1995) de Paul Verhoeven, véritable fiasco à sa sortie et taxé de chef d’œuvre du ratage par John J.B. Wilson dont sa cérémonie l’avait couronné de 7 Razzies Awards. N’oubliant pas celui qui est devenue une véritable institution alors qu’il est catalogué comme étant un film raté, The Rocky Horror Picture Show (1975) draine encore et toujours énormément de monde aux séances de minuit il est projeté depuis plus de 30ans au cinéma Studio Galande à Paris) où les jeunes s’y rendent en masse et délirent tous ensemble pendant la projection. Enfin, le documentaire ne pouvait faire l’impasse sur le cinéma turc avec Cüneyt Arkin, surnommé « le Alain Delon du Bosphore » avec Turkish Star Wars (1982) ou encore Turkish Mad Max (1983). On assiste aussi au dernier jour de tournage de Sharknado 6 : The Last Sharknado : It's About Time (2018).
Les producteurs ont su très rapidement flairer le filon, en mettant sur pied des studios dédiés aux films d’exploitations, bis, B & Z et produisant à la chaine des « junk films » pour nourrir les drive-in, les double-programme et autres midnight-screening (la fameuse séance de minuit). On appréciera la présence de Roger Corman, pas avare en anecdote comme celle avec James Cameron et les boîtes de hamburgers sur le film La Galaxie de la terreur (1981) qu’il avait utilisé pour camoufler les couloir du spaceship afin de lui conférer une petite touche Sci-Fi pour la modique somme de 12$.
En guise de conclusion, le documentaire fait un bref clin aux productions hexagonales nanardesques, celles de Philippe Clair, Max Pécas, Bernard-Henri Lévy ou encore Jean-Marie Pallardy, bien connu dans le milieu du nanar (il était présent à la Nuit Nanarland 2018, on lui doit entre-autre L'arrière-train sifflera trois fois - 1975 et le cultissime White Fire - 1984). Le documentaire citera d’ailleurs quelques titres plus ou moins connus tels que Bananes mécaniques (1973), Arrête de ramer, t'attaques la falaise ! (1979), Mon curé chez les Thaïlandaises (1983) et nous faisant découvrir un cinéaste méconnu du grand public, à savoir Émile Couziner, le Ed Wood à la française (il produisait, écrivait, réalisait, distribuait, … ses propres films) et à qui l’on doit entre-autre Le Congrès des belles-mères (1954).
Un documentaire très dense et ce, malgré sa courte durée. Entrecoupés d’extraits, de commentaires et d’images captée de la 3ème Nuit Nanarland au Grand Rex en 2018. Bourré d’anecdotes et qui ne fait que confirmer tout le bien que l’on pense des nanars.
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