Bon, mon commentaire est un peu long...
Je n'ai pas réussi à faire plus court après m'être réveillée en larmes ce matin, habitée par Petites durant tout mon sommeil.
Bouleversée par ce film à plusieurs égards...
Bouleversée par ces ados-mamans, leurs luttes intérieures pour avancer, tiraillées entre deux mondes, leur enfance qui peine à s'envoler, le poids des responsabilités dans une maternité si précoce.
Bouleversée par le lien entre Camille et sa maman, si fort, si puissant, tellement destructeur aussi, de trop pleins et de vides, en chantier, à reconstruire, à réinventer pour tenter d'être libre.
Bouleversée par ces éducs qui mobilisent tant d'énergie, d'amour, de patience, d'empathie, pour accompagner ces jeunes, pour prendre des décisions, parfois, déchirantes.
Bouleversée par ces petits gosses du film, surtout l'une d'entre eux...
Bouleversée par l'idée même de l'abandon, des mille interrogations qu'il suscite, des émotions contradictoires qui ébranlent, selon sa propre expérience de vie en tant que spectatrice, ou face à l'expérience d'êtres rencontrés sur la route. Aucune dichotomie possible.
Un regard singulier aussi, étant maman de deux petites filles, en voyant ces jeunes dans leur première grossesse, l'accouchement, la rencontre de son bébé, dans cette expérience à la fois universelle et absolument intime, indicible, du rapport à la maternité, de son ancrage en chaque histoire familiale, en ses propres liens avec ses parents, sa propre maman, en remontant souvent plus loin dans ses origines d'ailleurs.
Bouleversée par l'évolution de Camille qui n'a pas d'autre choix que de cheminer dans cette période de sa vie, si dure, et à la fois fondamentale dans la construction de la femme qu'elle est en train de devenir.
Bouleversée par l'impossibilité de juger malgré la souffrance ressentie face à certaines scènes.
Touchée aussi par d'autres choses autour de ce film : revoir ma ville natale, revoir la Normandie, sa lumière, la mer, reconnaître des rues. M'apercevoir d'un coup que j'étais au collège avec la réalisatrice, amie d'une amie d'enfance ! Ne la connaissant que de vue, mais dont les traits du visage étaient restés précis dans ma mémoire, et re-découvrir ce visage, près de vingt ans plus tard, au cinéma, depuis l'Alsace où j'ai immigré hors de "la France de l'intérieur" comme on dit par ici.
C'est un film dont je peux dire qu'il y aura pour moi un avant, et un après.
Merci Julie pour nous, toutes celles et ceux qui vivront l'expérience de plonger dans ton film.