Le film milite pour la défense des intérêts des salariés face à la logique spéculatrice de la finance internationale.
Cependant, loin d'un prêchi-prêcha "pédago-militant", le film est divertissant, a un rythme prenant, des personnages très crédibles(1) et souvent sympas, ni des surhommes ni des pieds nickelés, seulement des gens qui essayent de faire face, en faisant confiance à leur intelligence.
Leur démarche est collective, celle d'une bande de copains pragmatiques, mais pas celle d'un syndicat qui aurait à respecter une ligne.
Le propos du film n'est du reste pas aussi "gauchisant" qu'on ne le croit :
- on y perçoit même de la nostalgie pour un capitalisme local, de terroir, celui de la famille des précédents propriétaires, enracinés sur place et responsabilisés dans la vie économique locale, trahis par leur héritière qui a vendu l'entreprise à un premier fonds de pension,
- il reconnaît la responsabilité des investisseurs, et les risques qu'ils prennent.
La cible du film est bien sûr avant tout la financiarisation de l'économie, la volatilité grandissante des actionnariats, qui conduisent les gestionnaires à privilégier la valorisation apparente à court terme de leur entreprise en prenant souvent des mesures à l'efficacité toute factice, au premier chef les "plans sociaux" qui dissolvent les savoirs-faire de l'entreprise...
Le film peut être considéré comme "gauchiste" (ce n'est pas nécessairement un défaut, surtout pour un film !) quand il identifie, sans nuance ni précision, le LBO, la prise de contrôle d'une entreprise par emprunt, à une spoliation pure et simple des salariés. Contrairement à ce que fait dire Gilles Perret, l'emprunt qui a servi pour l'achat n'est pas remboursé par l'entreprise (donc ses salariés), mais par son nouvel actionnaire, grâce aux dividendes. Il n'y a donc ici pas plus de spoliation qu'il n'y en a, tous les jours dans toutes les entreprises, par le versement de dividendes... On ne peut pas condamner le LBO sans condamner le versement des dividendes !!!
NB 1. L'actionnariat salarial est bien sûr une solution mais, en jetant l'eau du bain avec de Gaulle en 1969 (référendum du 27/04/69), nous avons malheureusement rejeté cette évolution...
NB 2. La remarque d'un banquier suisse : "on ne peut pas se permettre de travailler pour l'amour de l'humanité".
NB 3. Si vous avez aimé Reprise en main, vous aimerez L'Usine de rien de Pedro Pinho, et le livre 1336 (paroles de Fralibs) (cf https://www.1336.fr)
Loches Royal Vigny (soirée Ciné-Club) nov 22