David Cronenberg ne perd pas de temps cette fois, dans une intro très intense il montre directement ses Scanners à l'action. La première chose qu'on se dit c'est que c'est vachement dérangeant, surtout avec ces bruits assourdissant accompagnant les pouvoirs. Et puis on enchaîne sur une petite course poursuite dans un centre commercial (je dirais que c'est une première chez Cronenberg), où deux hommes travaillant pour une sorte d'institut (la ConSec) tente d'attraper le Scanner.
Pendant le film on a plusieurs fois l'impression d'être dans la tête du Scanner avec plein de bruits, des paroles sur des paroles, plus la musique d'Howard Shore très présente, ainsi qu'un montage très nerveux parfois, ou avec des travellings lents sur les individus que le Scanner "perçois". Dès les premières minutes une ambiance étrange et lourde est donc imposée, et elle ne nous quittera point, puisque très vite nous aurons droit à la mythique scène de l'explosion de la tête d'un bonhomme.
Et à partir de là les rapports s'inversent, il y a désormais deux types de Scanners. Le Scanner autrefois chassé, qui ne connaissait pas vraiment sa particularité, et d'un autre côté le Scanner tueur, le méchant voulant créer une organisation de Scanners pour renverser l'ordre en place, et qui sait controler ses pouvoirs. Des pouvoirs qui sont très impressionnants dans la façon dont il sont filmés, c'est plus spectaculaire que dans les précédents films du canadien, ce sont de vraies scènes digne d'un gros film d'action.
La où ce film est plus réussit que les précédents, c'est que Cronenberg installe son histoire, ses personnages et ses enjeux au gré de cette action justement, et aussi de son ambiance troublante, en faisant monter la pression comme il sait si bien le faire. Sa science du rythme est telle qu'entre expériences, course poursuite, violence, traque, fusillades, plus les différentes scènes de combats psychiques, on a l'impression de voir un film qui va à 100 à l'heure. Un pur thriller intelligent, bien filmé, intense, mélangé à d'autres genre comme Cronenberg en a le secret, tout ça pour arriver à un combat finale épique, ou l'on retrouve l'amour que voue le canadien pour le body horror.
Par la même occasion il continue d'aborder des thématiques qu'il apprécie particulièrement comme les expériences sur le corps humain, la médecine et tout ça. Mais franchement ce qu'on retient le plus, c'est que c'est le film le plus spectaculaire de Cronenberg, avec plein de scènes d'actions qui vont au delà de son concept, qui lui aussi est merveilleusement exploité.