"Athena", telle une déesse guerrière, a mis sa parure belliqueuse pour nous en mettre plein la vue. Cette plongée dans un quartier de banlieue en pleine fusion, dudit nom, est une véritable incursion immersive dans une zone de guerre. Filmé en longs (et faux) plans séquence, en quasi temps réel, dans un microcosme limité entre la place centrale et ses quelques immeubles attenants, R.Gravas fait virevolter sa caméra dans une forme de huis-clos oppressant où tous les cadres de l'image font surgir un élément tendu ou angoissant. Sur la forme, "Athena" est épatant, et rarement un réalisateur français a réussi un tel travail de mise en scène en plan séquence, à l'image de cette longue séquence d'introduction qui nous met tout de suite dans le bain avec un gilet par-balles. Mais au delà d'une violence latente, R.Gravas filme plus une ambiance hargneuse à gros coups de pétarades de feu d'artifice et fumigènes, et rarement de la violence pure et de flingues à tout va. Alors oui, la comparaison avec les récents "Bac Nord", et surtout "Les Misérables" de L.Ly, ici producteur et co-scénariste, est facile et pas honteuse. Mais sur le fond, "Athena" est creux, et n'apporte pas plus de contenu et de revendication pour justifier un tel soulèvement, et nous apprend rien d'autre à part de mettre les caméras dans un champ d'action. On ne demandait pas forcément une analyse politique sur les banlieues, mais la gratuité du contexte splendidement mis en scène semble être le seul intérêt de ce film. Jolis charismes incarnés par les deux acteurs principaux (D.Benssalah et S.Slimane) qui sauvent un scénario qui ne les sert pas (
Karim se retrouve en chef de guerre que la colère légitime l'amène à un organisateur expert en rébellion, Abdel qui vire de bord en fin de film et qui tue son frère après avoir subi la perte douloureuse d'un autre (maman qui appelle au téléphone va être contente)....
). Alors sur le fond, on repassera en allant piocher vers des films plus subtils. Mais sur la forme, on accordera les 3,5 étoiles avec les applaudissements.