A la cité d'Athéna en région parisienne, un enfant, Idir, a été tué par des hommes dont l'identité n'est pas prouvé. La police enquête mais la cité s'embrase emmené par Karim, le frère du jeune garçon tué. Abdel, militaire dans l'armée et frère de Karim et Idir, va alors tout faire pour tenter de ramener le calme, sauver son frère, et sortir un CRS piégé à l'intérieur.
Voilà donc le scénario de ce film réalisé par Romain Gravas qui signe ici une réalisation parfaite. En effet techniquement parlant c'est extrêmement bien filmé. En effet filmer des scènes d'attaques ou de charges emmenées par des émeutiers désorganisés est compliqué car au cinéma les scènes s'apparentent à une chorégraphie bien huilée or dans ce cas il faut que l'impression soit inverse. C'est exactement ce qui se passe, les scènes de chaos sont d'anthologie.
D'ailleurs le réalisateur fait un parallèle avec les guerres antiques en exploitant les thèmes du siège, en mettant en scène des techniques de combat de l'antiquité romaine, le tout emmené par une bande son en parfaite adéquation. On est en présence de deux forces l'une désorganisée, l'autre organisée.
Romain Gravas signe ici un film d'action à la réalisation parfaite mais surtout réaliste par sa violence physique et psychologique. On pourra reprocher à ce long métrage de donner une mauvaise image des deux camps mais il n'en est rien, encore faudra-t-il au spectateur la volonté d'aller au bout pour l'apprécier à sa juste valeur.
En effet, avec son oeuvre, Romain Gavras met en garde contre une montée de la violence intercommunautaire alimenté par la haine.
Alors oui Romain Gravas ne choisit pas de faire un film où tout finit bien et avec un fonds moralisateur, son but est d'éveiller les consciences.
Dans l'ensemble, le but de Romain Gravras est atteint cependant le traitement réservé au personnage d'Abdel est le point du film. L'exploitation de ce personnage est trop scénarisé et le spectateur peut alors douter de la probabilité à ce que ce personnage tourne ainsi. La portée du film en prend alors un coup, mais la fin du film permet au réalisateur de retomber sur ses pattes.
Il n'y a finalement pas de gagnant dans cette guerre, à part peut-être ceux qui l'ont attisés.
Voilà donc le message de cette oeuvre qui pourra aussi déranger et bousculer le spectateur dans ses retranchements et le faire réfléchir au delà de la diffusion d'images de guerres urbaines.
Athéna est une oeuvre cinématographique d'une très grande qualité technique, complexe et dérangeante, traitée avec intelligence et qui permettra ainsi de pouvoir s'interroger. Il n'y aura de réponses claires, il appartiendra au spectateur de trouver les réponses en accord avec sa propre conscience. Cette oeuvre n'est pas là pour apaiser mais pour interroger, cependant le spectateur devra visionner et juger avec impartialité en mettant de côté tout parti pris. Romain Gravas a mis la barre haute, peut-être trop, ce qui aura pour conséquence une appréciation trop tranchante, voir binaire des spectateurs et des critiques.