Athéna de Romain Gavras démarre le feu au plancher. De par sa scène inaugurale qui donne le ton, marque son temps, sa circonstance, entre gravité et un semblent de farce festive, le film situe surtout toute une écorchure, celle-ci est à vif !
Loin d'être immaculé, ce long-métrage plonge corps et âmes dans sa situation électrique et y puisse de grandes envolées de styles, forge un caractère mais se noie sur certaines de ses intentions chaotiques. Dans le fond, la relate est bancale, surfaite, avec un stéréotype d'usage sincère, virulent, mais qui se trompe dans son emploi ... La comparaison est nulle, mais La Haine et Les Misérables, deux références dans le paysage de ses trente dernières années, n'ont pas, eux, perdus le cap de l'histoire au profit d'une narration, certes très entêtante mais qui néglige ses personnages sur la courbe du récit.
Après ses quelques griefs, place aux compliments. Déjà, comment ne pas mentionné l'interprétation de Sami Slimane et Ali Bensallah ! Ils sont l'écran, le cœur de cette noirceur étouffante, la dualité des convictions et le souffle d'un mal qui ronge de l'intérieur. La colère, contenue ou libéré, si je n'ose le terme restitue sa couronne aux démons qui la cherche. Athena, dans son impression, dans son flux en continue capture cette état de rage, ses incompris, virevolte dessus avec un attrait qui fascine et rebute par la force des choses. Romain Gavras, faiseur d'image au style référencé en livre une partition brutale mais avec un regard, qui lui, est bien plus tendre ... Toute la dureté du film d'ailleurs se niche à cette hauteur.
Le troisième film - le second pour moi seulement - de son réalisateur s'implique dans une démarche qui tente de faire voir, de décrire et d'écrire la page de cette colère qui monte, de s'inscrire dans le temps, dans l'époque. Alors oui, il se sape maladroitement parfois, n'est pas parfait, se force à entrer dans les lignes quand c'est sa marge qui se doit d'être lu, vu et reconnu. Mais au fond, que ce film est vivant ! Poseur, oui, mais dans la substance simple de sa revendication. Sans analyse en temps infini et indéfiniment redéfini. En un laps de temps relativement court, le film raconte ce qu'il a à dire, sans lapin dans le chapeau, en toute modestie. Rien que pour cela, Athéna est de ces longs-métrages qui marque. Y compris pour ses ratés ...