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Alexandre Mayet
11 abonnés
38 critiques
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3,5
Publiée le 12 juillet 2024
Vu en avant-première. Commençons par les points positifs : La première heure et demie est très bonne, généreuse dans ce qu’elle nous propose. Le casting est également excellent, mention spéciale à Arieh Worthalter et Paul Ahmarani. La mise en scène est globalement de qualité, avec de belles idées en termes d’image et de réalisation, notamment cette volonté de travailler avec des plans longs, surtout durant les scènes de repas, ce qui crée un malaise et une intensité incroyables !
Cependant, le film a un grand défaut de genre : dans la deuxième partie, on est perdu entre le thriller psychologique, la comédie et le drame. C’est assez embêtant car cela perturbe la façon dont on perçoit les scènes (notamment les scènes de rêves qui m’ont fait complètement sortir du film). Le film se perd également sur ses thématiques : il aborde au début des relations complexes, toxiques, mêlant le rapport à la célébrite, l’amitié, les faux semblants, les ambitions professionnelles… pour finalement nous servir une histoire d’amour assez basique, entre un jeune homme sans confiance en lui et une fille artiste / reac perturbée par "la menace" d’un homme hypocrite et manipulateur.
Autant dire que mon intérêt pour le film est vite retombé… Dommage, je sors assez frustré de la séance car il y avait moyen de faire beaucoup mieux.
Philippe Lesage est un grand cinéaste, il l'a notamment prouvé avec le formidable Genèse. Le problème est qu'il semble en être persuadé lui-même, une impression ressentie devant Comme le feu, qui reprend son sujet de prédilection, le récit d'apprentissage. A partir d'un souvenir d'adolescence, que lui a conté son frère, documentariste, le film confronte cette fois des jeunes gens à des adultes qui s'affrontent à fleurets pas toujours mouchetés, dans un esprit de compétition alourdi par son content de mesquineries et d'invectives qu génèrent de fortes tensions, en particulier pendant les repas. Le film se déroule au nord du Québec, au milieu des lacs et des forêts mais l'oxygène se raréfie très vite à mesure que les frustrations et les conflits s'exacerbent. Chasse, pêche et discussions : le programme est alléchant mais Lesage étire certaines scènes à l'envi (la durée globale de 2 heures 40 est excessive), tire un peu trop sur les ficelles du symbolisme, néglige un certain nombre de ses personnages et finit par ennuyer avec cet entre-soi épuisant. Et puis, le film manque d'humour, une quasi anomalie dans le cinéma québecois, et ne saurait par conséquent se comparer aux œuvres de Denys Arcand. En revanche, l'interprétation, en tous cas pour les rôles principaux, est impeccable. S'il ne fallait citer qu'un seul acteur, ce serait Arieh Worthalter, presque aussi fascinant que dans Le procès Goldman.