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Kurosawa
582 abonnés
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3,0
Publiée le 10 janvier 2017
L'idée d'une romance impossible oscillant entre ville et campagne promettait beaucoup et, au final, si le film impressionne par sa maîtrise formelle, il déçoit par sa volonté de nous tenir à distance des personnages et donc d'une émotion. Ce sont surtout les scènes se déroulant à Taipei qui échouent à rendre consistants les différents niveaux abordés, qu'ils soient sociaux ou intimes, à cause d'une approche très générale. Au contraire, Hou Hsiao-hsien trouve dans le cercle familial une capacité à mêler drôlerie et mélancolie avec un naturel désarmant, preuve que le cinéaste est nettement plus à l'aise quand il s'agit de confronter des générations entre elles, de les faire s'aimer et les éloigner; d'ailleurs, le plus beau moment du film est certainement celui où le grand-père accompagne son petit-fils jusqu'à la gare avant que ce dernier parte faire son service militaire : une scène d'adieu qui émeut parce que les deux hommes marchent peut-être ensemble pour la dernière fois et aussi car elle éloigne définitivement le jeune homme de la femme qu'il aime. "Poussières dans le vent" est un beau film, touchant dans ses scènes les plus réussies mais qui ne bouleverse hélas à aucun moment.
Film naturaliste s'il n'y flottait une brise ironique typique de ce réalisateur passé maître dans l'art de ménager quelque gag dès que le sentimentalisme s'englue... C'est familier (l'habitation filmée constamment à gauche de l'écran avec son escalier, les gosses qui piaillent un peu plus bas), nostalgique comme des photos de famille, grave comme une série de deuils. Approche de l'autonomie, ces pertes qui vous tombent dessus en dépit de toute l'affection et malgré l'instruction. Les scènes se déroulent en zone rurale taïwanaise. Le lien avec l'extérieur est le train dans le tunnel, toute cette ombre n'augure rien de folichon, ils n'ont pourtant pas été élevés dans le coton, ce garçon et cette fille copains d'enfance. Ils ont connu rudesse physique et devoirs communautaires (offrandes religieuses), leurs proches les veulent fidèles aux traditions. Tels deux pigeons fébriles au bord de leur cage, de plus en plus rarement au diapason...Chaque spectateur pourra se souvenir de ses balbutiements dans le monde des grands, les premiers boulots où on marche au radar le temps que ça arrange, ravis de claquer la porte sur des avenirs plombés, le soulagement de se rabattre sur des études longues, le premier vrai cataclysme qui fait rentrer au nid familial sans trop présumer de l'accueil... C'est un peu étiré (1h49), riche de séquences en temps réel que viennent fort heureusement compenser les moments de fraîcheur comme la complicité des copains, les tirades du grand-père, ce "non" du petit...
Ce réalisateur par son art sait rendre palpables les conditions de vie et les relations familiales et sociales de ceux qu'ils nous présentent. Le portrait sensible de l'adolescence est accompagné des voyages et de l'intrusion des paysages comme espaces transitionnels de l'accession à la condition adulte.On sort de l'ici et maintenant d'Ozu pour s'ouvrir à la nature et à des mondes ruraux et artisanaux en train de disparaître.
Il y a comme un regret du temps qui passe et une folle nostalgie qui atteint tous les personnages. Même l'homme à la fin qui raconte trois fois que ses patates poussent moins bien que le ginseng. Les jeunes adultes grandissent et se séparent car la vie veut ça mais ils n'y étaient pas préparés. Ils sont comme dans le titre poussés par le vent de l'existence. Un joli film doux et mélancolique.
Malgré une dramaturgie minime, le film parvient à charmer par la beauté de ses paysages et sa douce mélancolie. Les derniers instants du film sont très beaux.
"Poussière dans le vent" éblouit d'emblée par sa splendeur visuelle. Mais avant d'être un film marquant de par son esthétique lumineuse, l'oeuvre du taïwanais rend compte d'un bond radical opéré dans son cinéma. Autant Hou Hsiao-hsien a pu mettre en avant, dans certaines interviews, le rôle déterminant des acteurs dans son évolution de cinéaste, autant ce qui frappe dans "Poussière dans le vent", c'est la mise en place d'un système esthétique qui va le porter au rang des plus grands cinéastes (...)
Dans la trilogie autobiographique du scénariste Wu Nienjen et de Hou Hsiao-hsien, la troisième partie Poussière dans le Vent (1986) est peut-être la plus émouvante. A Yuan et A Yun, deux adolescents ayant grandi ensemble, descendent de leur pauvre petit village de montagne de Taiwan pour trouver du travail à Taipei et suivre des cours. A Yuan est appelé à l'armée qui a un grand rôle sur l'île plus encore dans les années 60 qu'aujourd'hui. Pendant sa mobilisation AYun se marie. Sophistiqué dans sa simple beauté, comme tout le cinéma de Hou Hsiao-hsien, probablement le plus grand cinéaste de notre temps.
Film d'auteur qui se donne des airs maîtrisés mais dont les regards caméras des acteurs trahissent le manque de moyen et d'envie. Dans l'ensemble, tout est tiré en longueur avec des scènes vides, et de belles images comblant le manque d'histoire et de dialogue.
Voici résumé le film en une phrase spoiler: deux enfants vivent dans un village pauvre, ils vont à la ville pour gagner un peu d'argent, le garçon est appelé pour faire son service militaire, la fille se marie avec quelqu'un pendant ce temps.