Le film a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2022, où il a obtenu le Grand Prix.
Close est le deuxième long-métrage de Lukas Dhont, qui s'est fait remarquer avec Girl en 2018. Salué par la critique, le film avait obtenu la Caméra d'Or et le Prix d'interprétation Un Certain Regard au Festival de Cannes et avait été nommé aux Golden Globes. Après avoir promu Girl à travers le monde durant un an et demi, s'atteler à un nouveau projet n'a pas été chose aisée pour le réalisateur : "Lorsqu’il a fallu passer à autre chose, j’ai dû faire le deuil du film et l’ai laissé derrière moi, comme une partie de moi. Quand je suis retourné chez moi et que je me suis retrouvé devant une page blanche, j’ai vécu cela comme un choc."
À l'instar de Girl, Lukas Dhont cherche à aborder dans son cinéma "des choses qui m’ont perturbé pendant l’enfance ou ma jeune adolescence." Il a voulu continuer à explorer le thème de l'identité en conflit avec le regard des autres. "Je tenais surtout à parler d’un sujet extrêmement intime." Close est un hommage à des amis qu'il a perdus "par ma faute car je prenais mes distances et j’avais l’impression de les trahir." Le film évoque ainsi une intimité rompue et le sentiment de responsabilité ou de culpabilité qui peut en découler.
C'est en retournant dans son école primaire que Lukas Dhont a trouvé l'idée de Close. Il s'est rappelé que les comportements des enfants étaient déjà très genrés et qu'il ne trouvait pas sa place entre les filles et les garçons, lui qui était un garçon efféminé. "Le fait d’être intime avec un autre garçon offrait au regard des autres comme une confirmation d’une identité sexuelle supposée." Lors de sa visite, il a retrouvé l'une de ses anciennes professeures qui a pleuré en le voyant. Des retrouvailles émouvantes qui ont été l'occasion de se remémorer des souvenirs pas toujours joyeux : "Je mesure encore aujourd’hui à quel point ces périodes, au primaire ou au secondaire, ont été très douloureuses pour moi, sans vouloir être dramatique. J’ai donc essayé de retranscrire ce sentiment pour dire quelque chose de ce monde, avec ma propre perspective."
Lukas Dhont met en scène deux garçons qui arrivent à un âge où, entre l'enfance et l'adolescence, leur rapport au monde et à eux-mêmes est bouleversé. Il s'est inspiré du livre Deep Secrets de la psychologue Niobe Way, dans lequel elle suit 100 garçons entre 13 et 18 ans. Au fil des années, ceux-ci se montrent de plus en plus pudiques avec leurs amis masculins quand il s'agit de partager leurs émotions. "Ce livre m’a aidé à comprendre que je n’étais pas le seul à avoir grandi en tant que jeune garçon gay, vivant difficilement l’intimité en amitié."
Les corps et leurs mouvements sont au centre de la mise en scène de Lukas Dhont. Durant ses études de cinéma déjà, il effectuait des stages avec des chorégraphes. Un retour aux sources pour lui qui rêvait plus jeune de devenir non pas réalisateur mais danseur. Il a arrêté cette pratique sportive à l'âge de 13 ans car il avait honte et n'assumait pas le regard des autres. "Je l’ai vécu comme une vraie blessure. Malgré tout, je suis toujours resté proche des chorégraphes et des danseurs. J’ai retrouvé ce désir d’une autre manière avec l’écriture. Je me rends compte qu’il est toujours plus compliqué pour moi de m’exprimer avec des mots qu’avec des mouvements ou des chorégraphies."
Eden Dambrine et Gustav De Waele font leurs débuts d'acteur dans Close. Lukas Dhont a rencontré le premier dans un train entre Anvers et Gand alors qu'il avait à peine commencé à écrire les premières scènes du film. Le réalisateur l'a trouvé très expressif et lui a proposé le casting, alors que l'adolescent parlait avec ses amis. Il se trouve que Dambrine allait dans la même école de danse que Victor Polster, l'acteur principal de Girl, et l'a reconnu.
Ensuite, un casting a été effectué et parmi 40 enfants retenus, des duos ont été auditionnés et celui formé par Eden Dambrine et Gustav De Waele a tiré son épingle du jeu. "Ils parvenaient à se plonger dans l’émotion et pouvaient en sortir très vite, ils étaient très enfantins mais voyaient leurs rôles avec maturité. C’était une superbe combinaison", se souvient Dhont.
Pour concevoir les personnages des mères de Rémi et Léo, le réalisateur a rencontré de nombreuses mères qui ont vécu le même drame que celui relaté dans Close. L'une d'entre elles a écrit un texte sur son ressenti, qui a beaucoup marqué Lukas Dhont. Il s'en est servi pour le personnage d'Émilie Dequenne, à qui il a demandé de contenir le plus possible ses émotions : "Je suis très fier de sa performance parce que j’ai l’impression qu’on voit des choses se passer à l’intérieur d’elle sans jamais céder au pathos. Elle m’a beaucoup appris sur la direction d’acteurs, elle comprenait la moindre nuance, elle est très forte !"
Quant à Léa Drucker, il l'a rencontrée lors de la cérémonie des César en 2019 : "Elle dégageait une gentillesse et une grande douceur, avec un discours très fort de sa part sur scène ! J’avais très envie de travailler avec elle."
Le mot "Close" est souvent évoqué dans le livre Deep Secrets de la psychologue Niobe Way, qui a nourri Lukas Dhont durant l'écriture du film. "Ce mot illustre tout aussi bien l’idée d’être enfermé, de porter un masque et de ne pas pouvoir être soi-même." Le titre initial était We Two Boys, Together Clinging, inspiré d’une peinture de David Hockney basée sur un poème de Walt Whitman évoquant la proximité entre deux garçons. "Clinging" exprime le désir de vouloir garder quelqu’un dans ses bras.