J’avais de gros doutes sur la qualité du nouveau film de Snyder, d’autant plus que ni Gorges Lucas, ni Disney n’avaient voulu le produire, et c’est tombé sur Netflix.
Comme le disait Karim Debbache, c’est les mauvais films qui nous montre tout le talent et les trouvailles des réalisateurs pour réussir une oeuvre, là où l’on voit immédiatement les erreurs, échecs, écueils des mauvais films.
Ou dit autrement, dans un mauvais film, le spectateur se pose des questions qu’il ne se poserait jamais devant un bon film.
Pourquoi l’ensemble du film a un éclairage dégueulasse? Pour la gestion des lumières est catastrophique? Le chef op’ était-il un stagiaire de 15 ans, fils du producteur du film?
Pourquoi cet univers de S-F n’a t’il ni queue ni tête? Pourquoi les fermiers du 31ème siècle utilisent toujours des charrues du moyen-âge alors qu’ils ont des vaisseaux spatiaux et des fusil-lasers?
Pourquoi l’héroïne cherche t’elle une poignée de mercenaires pour l’aider à se défendre son village? Ne devrait-elle pas plutôt chercher à acquérir des canon anti-aériens pour détruire les vaisseaux ennemis, et de l’artillerie pour éliminer l’infanterie ennemie? Où est la logique militaire là-dedans? Rien n’a de sens ni le moindre sérieux.
Pourquoi le premier contrebandier venu est-il capable de trouver les pires ennemis de l’Empire alors qu’ils sont recherchés par l’armée impériale dans toute la Galaxie depuis des années voir des décennies?
Pourquoi lorsque le chef rebelle rasta tue l’artilleur du vaisseau ennemi, le vaisseau s’écrase? N’y a t’il pas un pilote à bord?
Pourquoi les héros ont toujours tendance à vouloir faire du corps-à-corps à l’arme blanche sachant que les soldats ennemis ont tous des fusil-lasers?
Le pire dans le film vient de la pauvreté de l’univers. Nous le savons, Zack Snyder est réalisateur, pas scénariste.
On sent que l’univers est un décalque maladroit de Star Wars, Le Cinquième Élément, le Seigneur des Anneaux, Game of Thrones, les films de S-F de Neill Blomkamp et même de la chaîne Youtube Nexus VI?
Pourquoi les rebelles dans ce film ont un look à mi-cheval entre les humains survivants de Matrix et les bandits de Mad Max: Fury Road?
Que dire sinon, que Snyder a plagié des dizaines de films, chaque scène étant un décalque extrait d’un autre film.
Parlons maintenant de la direction d’acteur.
Si Sofia Boutella se donne à fond et fait le maximum pour tenir le film sur ses épaules, le reste du caste ne peut en dire autant.
Le méchant est joué par Ed Skrein, qui cabotine à mort, et en fait des caisses dans chacune de ses scènes, on arrive au niveaux des nanars type Donjons et Dragons.
Que dire de la prestation approximative de Charlie Hunnam, venu cachetonner en mode osef totale?
Il semblerait que Djimon Hounsou pense tourner une suite à 300, en mode gladiateur antique.
L’acteur Staz Nair hésite quant à lui entre l’adaptation live-action de Tarzan et une suite au film Disney John Carter.
Connaissant l’incroyable talent et la la subtilité de jeu de l’acteur Michiel Huisman, on se demande quel directeur de casting l’a choisit pour incarner un personnage trouillard, timide et lâche?
Quand chaque acteur joue comme s’il était dans un autre film, on sait avec certitude que la direction d’acteur est inexistante.
Comme le dise tous les grands réalisateurs, tout film a un message. Ce film de Snyder n’en n’a aucun.
La lutte entre le Bien et le Mal n’est pas un message, mais un archétype, une structure d’un film, pas sa finalité. C’est ce qui rend le film si vide, si anonyme, si déjà-vu, digne d’un blockbuster standard signé par un quelconque yesman.
Une des erreurs monumentales du film est d’en faire des tonnes sur les effets spéciaux. Demander à Spielberg ou James Cameron, le principe d’un effet spécial est qu’il soit invisible pour le spectateur.
Snyder fait tout le contraire, il surligne les effets spéciaux, en en faisant des tonnes à chaque fois.
La plupart des images de synthèses sont médiocres, dignes des films de la fin des années 2010. Les sociétés de FX ne sont pas encore arrivés à reproduire l’exploit technique du premier Avatar (2009).
Un des paradoxes du film est qu’il pourrait avoir lieu de nos jours sur Terre, sans aucun élément de S-F. Et en racontant une histoire plus proche de nous, inspiré de faits réels, le film nous toucherait beaucoup plus.
On pourrait par exemple recentrer cette histoire dans le contexte de la guerre civile éthiopienne, où un village du nord du pays (Tigré) est en proie aux sévices infligés par les soldats érythréens, mettent à feux et à sang les villes et villages, pendant que les rebelles locaux combattent l’armée fédérale qui effectue un nettoyage ethnique dans tout le pays. Le film aurait alors du sens, des enjeux, tout en ayant un message fort et politique.