Un thriller brûlant
Je n’avais pas vu le précédent film de Quentin Reynaud, 5ème Set. Autant dire que c’est le 1er film de ce réalisateur de 40 ans que je vois. Un feu géant ravage la forêt des Landes. A la suite d’une alerte évacuation, Simon et son père Joseph quittent leur domicile mais se retrouvent rapidement prisonniers de leur véhicule au milieu de ce cauchemar climatique. Le brasier se rapproche. Que faire ? Attendre les secours…? 85 minutes qui se tiennent, malgré le côté très fauchée de la réalisation, grâce à un scénario original, un suspense très soutenu et un duo d’acteurs en état de grâce. Une belle surprise.
Tenter ce qu’on appelle en bon français, un survival, dans notre cinéma hexagonal relevait de la gageure. Je l’ai dit plus haut, le manque de moyens est flagrant mais on l’oublie vite car l’action tourne très rapidement au huis clos étouffant et brutal. On n’y voit pas grand-chose, l’image est constamment envahie de fumée et les flammes comme les secours paraissent lointains comme diffus. En vérité, les grands pins deviennent comme une métaphore d’une prison : quand ils sont en feu, ils nous enferment comme des barreaux, on ne peut plus en sortir. Le film a été tourné dans les Landes en 2021. Après les incendies qui avaient ravagé la Californie en 2018 puis ceux, meurtriers et très importants aussi, qui s’étaient déclarés l’année suivante dans la brousse et la forêt australienne, le réalisateur se doutait qu’en raison du réchauffement climatique ce type de catastrophe climatique allait se généraliser dans le monde. Hélas, il ignorait que l’actualité allait lui donnait raison dès 2022 et les dramatiques incendies de 2022 qui vont détruire une partie de la forêt landaise. Ici, il s’agit de la tragédie d’hommes piégés par quelque chose de dantesque qui les dépasse et dont ils ne savent pas comment sortir... Suit une seconde partie, - pas forcément la plus palpitante et la plus réussie car alourdie par des flashbacks superflus -, qui bascule dans l’onirisme et la poésie. Le film vaut surtout par la performance des deux acteurs principaux qui font que ce film mérite d’âtre vu.
Le rôle principal a été écrit par le réalisateur pour son ami de toujours, Alex Lutz, qui est formidable d’autant que c’est l’incroyable André Dussollier qui lui donne la réplique. Ce type sait décidément tout faire. A noter la participation de Laura Sepul. Ce casting apporte une humanité poignante à ce thriller original qui a parfois le tort de se perdre dans le dédale mental de son héros, mais qui est sublimé par une mise en scène tout en angles morts, perspectives tronquées et hors champs sonores. En fin de compte, un film prémonitoire qui nous fait ressentir toute l’horreur apocalyptique de la terre brûlée.