Ce film raconte le périple d’une bande de jeunes ados colombiens complétement livrés à eux-mêmes. Tout le long du film, on assiste à leurs aventures ou plus souvent à leurs mésaventures dans leur quête vers un monde meilleur dans ce pays hélas gangrené par la violence où l’espérance d’avenir n’a malheureusement que peu de place pour eux. Les personnages de ces jeunes au destin tragique sont attachants dans leur obstination à vouloir s’en sortir malgré l’environnement hostile et tragique qu’ils côtoient et c’est bien illustré dans la réalisation de ce film.
Le début de Los reyes del mundo, urbain et agité, laisse à penser que le deuxième film de Laura Mora, lauréat de la Concha de oro à Saint-Sébastien, va s'inscrire dans une mouvance ultra réaliste. Mais si la violence reste prégnante sur la durée du long-métrage, ce road-movie va s'enfoncer dans les paysages exubérants de Colombie, qui n'ont cependant pas été épargnés par la folie des paramilitaires, et se nourrir de visions oniriques et poétiques. Une fable donc, entre morts et vivants, qui à la fois déconcerte et séduit, dans une poignée de scènes surprenants (la maison close). Fille d'un avocat assassiné, Laura Mora est une cinéaste éprise de justice, qui n'a pas d'illusions face à la cruauté du monde, en général, et de la société colombienne, en particulier, mais elle essaie de trouver quelques îlots d'espoir, identifiables dans la construction narrative de Los reyes del mundo, avec notamment la présence récurrente d'un animal, symbole du retour à la maison. Plus largement, le film se dédie à tous ceux qui cherchent une terre promise, dans une parabole qui a des ambitions universelles. Exorciser les démons et les blessures de son pays et grappiller des moments de beauté, c'est un projet qui montre le cœur d'une réalisatrice puissante et prometteuse, à laquelle il ne manque peut-être qu'un peu plus de simplicité ou de rigueur scénaristique.