Adieu poulet est un polar vraiment typique des années 70, qui fait daté certes, mais qui reste tout de même efficace, si tant est que l’on passe sur un léger petit souci.
En effet, si l’on peut tout à fait comprendre l’enquête autour de Portor, en revanche je vois mal comment il était possible d’incriminer Lardatte, alias Victor Lanoux. Cette partie là, et l’inimitié d’entrée entre Ventura et Lanoux m’a paru un peu obscur, puisqu’après tout rien ne prouve l’implication directe de Lardatte dans le meurtre à l’origine du film.
Cela mis à part, l’histoire reste plaisante à suivre. Le rythme descend parfois un peu, mais il y a des rebondissements bien vus, quelques scènes d’action sympathique, et l’enquête reste efficace. Le réalisateur ne nous sert pas vraiment un métrage très surprenant, mais cette histoire teintée de magouille politique sait se montrer musclée, et je dois dire que cela m’a agréablement surpris. Par moment je me suis un peu cru dans un Walter Hill, genre Double Détente, et faut avouer que tout de suite ça tire le film de ce qu’il aurait pu être : une sorte de Maigret, version pépérisante. La fin est très bonne, bien qu’un peu abrupte.
Le casting est emmené par le duo d’acteurs principal : Lino Ventura et Patrick Dewaere. Solide duo, bien contrasté comme on s’y attendait, avec un Ventura bien dans son rôle de flic musclé et intègre en quête de justice, quitte à jouer avec les limites, et Patrick Dewaere, jeune flamboyant, rusé et fantasque. Il faut être franc, il apporte quand même une bouffée d’originalité, c’est lui qui a le personnage le plus singulier dans le genre. Victor Lanoux, Julien Guiomar, Pierre Tornade, tous ces seconds rôles héritant de personnages moins originaux, voire attendus. Intéressant tout de même de voir Tornade dans un rôle sérieux, et cela même s’il joue le commissaire incompétent.
Sur la forme Adieu poulet a les défauts et les qualités des bons films du genre. D’un côté la photographie n’est pas très belle, l’ambiance manque de relief. Il y a de beaux décors, notamment les vues panoramiques sur Rouen, un peu sous-exploitées d’ailleurs, quelques séquences à spectacle (le final sur la grue), et la mise en scène, sobre mais intelligente, qui est une réussite particulière dans les séquences d’action parvient à retenir l’attention. La bande son en revanche est ténue, le final est bien doté, mais il aurait été judicieux pour mieux installer l’ambiance de l’utiliser davantage dans le cours du film.
En conclusion, Adieu poulet est un bon polar, qui plaira aux amateurs du genre. Après, c’est certain que le côté un peu vieillot de la photographie, quelques errances scénaristiques, un bon travail de réalisation mais une ambiance un peu terne, tout cela ne permet pas de dire qu’on est dans une pointure du genre, malgré les acteurs. 3.5