Votre avis sur Buñuel, un cineasta surrealista ?

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Publiée le 16 avril 2022
Javier Espada a réalisé en 2021 un très beau documentaire sur l’un ou le réalisateur espagnol le plus important de son histoire, à savoir Luis Buñuel, dont celui-ci s’intitule « Buñuel, un cineasta surrealista ». Le cinéma de Buñuel, à l’instar des peintures de Goya, est représentatif du processus de création pour chaque cinéaste, écrivain, peintre ou tout simplement artiste, et ce documentaire, retrace intelligemment sa carrière cinématographique de l’Espagne à la France en passant par le Mexique, avec un retour en Espagne dans les années 1960 pour finir sa carrière en France, et aborde de manière structurée et détaillée l’ensemble des thèmes de prédilection du cinéaste : la mort - à travers son premier souvenir où un âne est dévoré par une demi-douzaine de vautours dans un champ de Calanda -, les insectes, les rêves, le hasard, le mystère, l’érotisme et le sexe, l’onirisme, la société et sa critique, l’humour et la satire, etc. Un très bon et un très beau documentaire sur l’icône Luis Buñuel et son cinéma.

En effet, ce documentaire traite premièrement des films « surréalistes » lorsqu’il s’établit en France dans les années 1920-1930 avec la collaboration à deux reprises de Salvador Dalí pour deux essais cinématographiques devenus cultes : « Un chien andalou » en 1928 et « L’âge d’or » en 1930. Le cinéaste maintiendra par la suite les particularités surréalistes à son œuvre cinématographique lors de sa période mexicaine, française et espagnole. Buñuel a toujours retransmis son enfance à l’écran, avec ses rêves qui ont alimenté son processus de création et d’invention. Ainsi, Javier Espada débute son documentaire par les coups de tambours de Calanda, où est né Buñuel en 1900, afin de mettre en lumière l’importance de l’enfance dans son processus créatif autour du septième art. De fait, le documentaire tend effectivement à décrire l’histoire de ses origines, sa famille et son enfance.

Par ailleurs, le documentaire historique de Javier Espada alterne entre la couleur et le noir et le banc de manière intelligente, entre l’enfance et ses premiers films, sa période mexicaine et dès les années 1960, la couleur apparaît où il s’établit entre la France et l’Espagne. De plus, ce documentaire est un véritable plaisir pour chaque cinéphile ou passionné du cinéma buñuelien et/ou pour voir des extraits de films français ou espagnols qui ont marqué l’histoire du cinéma tels « Le journal d’une femme de chambre », « Los olvidados », « Tristana », « Viridiana », « L’ange exterminateur », « Le charme discret de la bourgeoisie », etc., toujours accompagné d’acteurs de renom comme Michel Piccoli, Jeanne Moreau, Stéphane Audran, Fernando Rey, Catherine Deneuve et de son fidèle compagne et co-scénariste, Jean-Claude Carrière.
On note dans ce documentaire une prodigieuse et intéressante sélection de scènes de toutes les étapes artistiques du réalisateur, notamment des scènes emblématiques de tous ses films en commençant par ses deux premiers films surréalistes à Paris : « Un chien andalou » et « L’âge d’or » ; ses travaux en Espagne durant la Seconde République espagnole avec le documentaire dans Las Hurdes « Terre sain pain » (1933) ; ses débuts et son étape au Mexique avec « Los olvidados » (1950), « Él » (1953), « Nazarín » (1958), « El Ángel exterminador » (1962) ou encore « Simón del desierto » (1965) et sa dernière étape en France, fondamentale dans sa carrière, lors de sa collaboration avec Jean-Claude Carrière dans « Belle de jour » (1967) », « La voie lactée » (1969), « Le charme discret de la bourgeoisie » (1972) ou encore « Cet objet obscur du désir » (1977). De plus, durant ces cinquante années de cinéma, deux films ont été réalisés dans l’Espagne de Franco : « Viridiana » (1961), qui a souffert d’une polémique importante avec la censure du régime franquiste, après avoir reçu la Palme d’Or à Cannes en 1961 et qui a ainsi été projeté pour la première fois en Espagne, deux ans après la dictature de Franco, soit en 1977 ; puis le second film, « Tristana » (1969), d’après l’œuvre de Benito Pérez Galdós avec une remarquable Catherine Deneuve dans le rôle-titre.

Un vrai plaisir pour tout cinéphile, tout passionné du cinéma buñuelien ou tout simplement du cinéma en général. 4/5
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