Stalingrad, plus qu’une ville, c’est un symbole que l’armée rouge va défendre de toutes ses forces puisque cette ville porte le nom de leur dirigeant politique. Et ce n’était pas gagné car les soldats étaient à priori bien peu équipés
(un fusil pour deux)
face à la lourde armada allemande. Le film commence (enfin presque) sur un assaut qui se solde par un échec, les soldats faisant logiquement demi-tour pour ne pas être abattus comme des lapins et qui finissent par tomber sous les balles de leurs compatriotes simplement parce qu’il leur était interdit de revenir en arrière. D’entrée, avec la scène de traversée de la Volga, Jean-Jacques Annaud scotche le spectateur en présentant une des horreurs de la guerre que le spectateur ne connaissait pas vraiment. A Stalingrad, il y a eu deux snipers russes qui ont fait beaucoup de misères aux allemands, mais Jean-Jacques Annaud a choisi de porter à l’écran l’histoire vraie de Vassili Zaïtsev, seul survivant de l’assaut désastreux dont j’ai parlé plus haut. Un seul et unique survivant, pour un destin hors du commun, puisqu’il fut rendu célèbre par ses exploits de tireur d’élite en abattant 225 soldats et officiers de la Wehrmacht (dont 11 tireurs d’élite) en neuf semaines durant la seule bataille de Stalingrad, exploits relatés à travers les carnets de guerre (dans le film un journal dirigé et écrit par Danilov, interprété par Joseph Fiennes) dans le seul but d’en faire une propagande de guerre afin de maintenir le moral des troupes, des troupes alors mal en point prises en charge directement par le célèbre Khrouchtchev (Bob Hoskins très convaincant) en personne. Des dégâts si considérables dans les rangs allemands que, selon le livre de l’historien anglais Antony Beevor relatant des sources soviétiques, les nazis firent venir le chef de leur école de tireurs d'élite, le major Heinz Thorvald (ou Erwin König), pour le stopper. C’est du moins ce que Jean-Jacques Annaud a choisi de nous montrer, par l’intermédiaire d’Ed Harris, véritablement parfait dans la peau de ce major
(dont l’existence est cependant contestée, ce qui explique l’absence de plaque d’identification lors de sa mort dans le film)
qui veut faire aboutir sa mission comme il en a l’habitude, avec rigueur, calme et cette implacable patience qui caractérise tout bon sniper qui se respecte. En somme, un gars extrêmement méticuleux à la prestance d’un haut officier, qui ne recule devant rien, pas même devant quiconque se met en travers de son chemin
, fusse-t-il un enfant
. Un seul bémol, on ne ressent pas assez la pression qui pèse sur leurs épaules comme on peut le sentir dans le film de Clint Eastwood, "American Sniper". Encore que la tension aménagée lorsque Zaïtsev se fait coincer, planqué derrière une sorte de fourneau, est bien mise en avant. La reconstitution est, quant à elle sublime tant elle est spectaculaire, soulignée par une bande originale qui colle bien à l’image. La mise en scène est soignée, à commencer par leur première confrontation dans l’immeuble en ruines. Conformément aux standards du cinéma américain, il fallait bien une idylle au héros, et en cela c’est Rachel Weisz qui s’y colle sous les traits d’une jeune fille juive engagée elle aussi dans le conflit du côté des soviétiques (cela va de soi, pour une juive). Rachel Weisz s’est montrée très convaincante quant aux sentiments qui animaient son personnage, avec des étoiles plein les yeux venues éclairer son joli minois. C’est à se demander même si elle n’a pas eu le béguin pour Jude Law… Et puis cette scène d’amour, au beau milieu de tous les autres soldats en quête de repos, mmm… un tel environnement doit être terriblement excitant et marrant : faire l’amour au nez et à la barbe de tout le monde sans être vus… dans un lieu si insolite… Rien que d’y penser… Allons allons, je m’égare (redescends sur terre Stephenballade oooh). Je vais me concentrer sur la photographie hein, c’est mieux lol. Eh bien Robert Fraisse s’est un peu loupé, alors que de bons clichés étaient à faire si on se réfère à la caméra du réalisateur qui a su mettre en exergue les héros et l’environnement dans lequel ils ont évolués. "Stalingrad" nous offre donc un spectacle plus qu'honnête, du côté des russes, ce qui n'est pas si courant que ça. Les puristes regretteront cependant que les parties parlées en allemand ne soient pas sous-titrées, et/ou qu'aucun accent slave n'ait été incorporé dans les dialogues afin d'améliorer l'immersion du spectateur dans le film.