"Les Morsures de l'Aube" a ses qualités et ses défauts mais parvient plutôt bien à remplir son statut de divertissement, assez convaincant dans sa première partie avant de délaisser petit à petit le spectateur jusqu'au final, par ailleurs grotesque. Tout d'abord, on se plonge avec intérêt dans ces bas-fonds de la jet-set parisienne, regorgant de personnes louches aux illusions perdues. Le point de départ est original et prenant, la mise en place de l'intrigue étant somme toute remarquable. Les images léchées donnent un aspect visuel réussi, qui, sans faire dans l'esthétique carte postale se révèlent assez juste pour représenter cette ambiance nocturne et saisissante. L'auto-dérision est efficace, éliminant d'emblée les ambitions que certains auraient attribué d'"auteur" à Antoines De Caunes, lequel s'en défend parfaitement. Le rythme est enlevé, on ne s'ennuie pas, quelques séquences sortent du lot... On peut aussi apprécier les sursauts de violence qui, venus de nulle part, sont constamment surprenants. Ensuite, ça se gâte : les personnages ne sont pas creusés pour deux sous et ce qui faisait leur charme au début (la superficialité) finit par agacer. Le scénario est incapable de tenir de manière cohérente l'intrigue qui prend des proportions assez vaseuses, pas aidée par les dialogues franchement crétins. Impossible de se rattraper sur l'interprétation, qui signalons-le est médiocre : Guillaume Canet est monolithique, Gérard Lanvin surjoue sans cesse et surtout, Asia Argento est littéralement sous-employée, dans un rôle très réducteur de séductrice fatale, attirée par les résonnances de son prénom (dans Violaine, il y a "viol" et "haine" ohoho) n'étant là que pour montrer ses fesses. D'une actrice aussi talentueuse voire exceptionnelle, c'est une véritable honte de ne pas avoir su tirer profit ! Oublions la réalisation plus qu'hésitante, bourrée de faux-raccords mais également ses incursions dans le spectaculaire, ridicules.