Weed 'n Nightmare... Zoë Kravitz a une réalisation assurée, étonnante, vraiment très propre pour un premier film ! De moins en moins la "fille de", car elle se donne du mal pour sortir du patronyme de Papa, elle nous livre ici un thriller psychologique dur (attention à celles et ceux qui sont sensibles aux violences sexuelles), mais drôle à la fois, constellé de stars au casting (Naomi Ackie tient tête à Channing Tatum, Christian Slater, Simon Rex, Haley Joel Osment...) qui semblent bien s'amuser, avec un certain punch dans la mise en scène (on ne s'ennuie pas, visuellement !), et surtout un twist de mi-film qu'on n'a pas (du tout) vu venir. On a eu beau chercher parmi les indices très mystérieux qu'on nous a laissé entrevoir, on n'a pas eu l'idée que tout cela était
une garçonnière à abus sexuels quotidiens dont les souvenirs s'effacent grâce à une potion...
Inutile de dire que la révélation nous a fait de l'effet, et que la suite en
"rape and revenge"
féministe nous a fait vraiment plaisir. La dernière ligne droite est moins bien écrite, car jusque-là le scénario arrivait tout du long à nous faire oublier (nous aussi) de réfléchir au réalisme de cette
potion qui fait tout oublier (quelle est cette potion, comment marche-t-elle, pourquoi construire sa villa dans une région où vivent les serpents qui peuvent annihiler l'effet du poison ?)
à grands renforts de montage virtuose, de vedettes qui se donnent à fond à leur personnage, d'indices et mystères qui nous occupent la tête. Mais une fois qu'on arrête de cogiter pour apprécier le spectacle final, on se demande quand même pourquoi
cette fille ne se sert pas du couteau qu'elle tient en mains plutôt que de miser sur une éventuelle "vapote empoisonnée" du méchant (c'est très risqué, comme pari, cela part du principe qu'il va avoir une envie subite de vapoter, en pleine action, cela lui laissait dix fois le temps de les tuer toutes les deux, on n'est pas sûr qu'il ne garde pas de l'antidote sur lui... Bref, "elle a de la chance", on va le dire comme ça), et la dernière scène nous a siphonné les méninges, en partant du principe que la Terre entière a oublié qui était le PDG de cette boîte... Même que l'héroïne fasse signer une cession de droits à cet homme Alzheimer, on doute que les actionnaires et mécènes de cette boîte (les costards qui peuplent le dîner) acceptent sans broncher, et n'y aillent pas de leur petite enquête... Cette fin Bisounours n'était pas utile pour nous, voulant juste asseoir la supériorité de l'héroïne jusque sur le terrain de Monsieur (les affaires financières, domaine très masculin),
ce qu'on aurait apprécié, avec un peu plus de finesse. Il n'en reste pas moins que Blink Twice est un thriller rafraichissant (plus qu'un saut dans une piscine), assez sombre dans son twist (on ne s'y attendait pas...) et assez lumineux avec son humour grinçant et surtout sa mise en scène très dynamique. Maintenant, quand on dit qu'on a "passé un bon moment", on a un petit blocage mental.