Faute d'avoir un "The Collected" à nous offrir pour le moment (le tournage du troisième volet de la saga initiée par "The Collector" a été stoppé en plein vol il y a trois ans à cause d'un problème de production), le réalisateur Marcus Dunstan et son complice coscénariste Patrick Melton reviennent par la petite porte de la plateforme Epix avec "Unhuman", production Blumhouse mettant en scène une bande de lycéens aux prises avec des zombies lors d'une sortie scolaire.
Dévoilant dès les premières minutes un ton de comédie horrifique avec la présentation de ses héros adolescents stéréotypés et odieux les uns envers les autres pour la plupart (même leur professeur n'est pas épargné dans cette galerie de personnalités égocentriques), le film envoie très vite tout ce petit monde en pleine nature pour mieux les confiner dans un abri de fortune devant les assauts des morts-vivants affamés qui les entourent... et voilà, aurait-on envie de dire.
Certes, Dunstan a l'air de s'amuser comme un petit fou en filmant de l'adolescent (innocent ou non) en train de se faire massacrer dans une bonne vieille brume artificielle ou au sein des décors de plus en plus improbables de leur refuge, le tout joyeusement emballé avec une profusion de split-screen qui témoignent de son énergie visuelle communicative et permanente. Mais les craintes que "Unhuman" ne soit qu'une simple recréation anecdotique de sa part se font de plus en plus présentes car, au-delà d'élèves dévoilant leurs vraies natures dans la pire adversité possible par opposition au monde lycéen ordinaire qui cherche à les faire taire par la souffrance des moqueries et des brimades, on ne voit vraiment pas ce que le film a à délivrer au-delà de cette symbolique et de confrontations pas très marquantes, et ce même si l'ensemble est correctement mené avec l'aide d'un casting somme toute sympathique (on y retrouve Brianne Tju de la série "Souviens-Toi l'Été Dernier" ou Drew Scheid de "Halloween" 2018). Bref, en dépit de certains détails intrigants, le temps commence à devenir long, très long, et au bout de près d'une heure de long-métrage, on en vient même à douter sérieusement que "Unhuman" ait réellement une ou deux surprises à nous réserver...
Évidemment, bien mal nous en a pris car le tandem Dunstan & Melton a gardé quelque chose d'énorme sous le coude pour faire taire ces appréhensions avec le passage à la dernière partie du film qui marque enfin un véritable tournant dans son récit !
Sur un plan scénaristique, ce virage est gonflé, complètement improbable et dévoilé à grands renforts de scènes trop fugaces pour le rendre crédible, il fait également passer le film à un nouveau cap de montage hystérique et de mise en scène déchaînée dans ses effets, mais il a le mérite d'être dingue, plutôt original et d'emmener la portée de son message sur l'enfer du lycée à un niveau qu'il était quasiment impossible de soupçonner. Ça ne sauve bien sûr pas tout ce qui a précédé ou transforme ce dernier acte en réussite complète mais "Unhuman" apparaît dès lors comme une machine totalement débridée, emportée dans la propre tornade dont elle est à l'origine et capable d'engendrer tous les délires esthétiques ou de péripéties de dernière minute. Et, même si on peut lui reprocher encore beaucoup de choses, cette surprenante folie furieuse qui s'empare de "Unhuman" devient si jubilatoire dans l'excès, avec l'aide d'une très bonne B.O., qu'on ne peut en ressortir qu'avec un sourire aux lèvres (la dernière réplique est d'ailleurs là pour ça).
Beaucoup trop imparfaite et mineure, "Unhuman" n'est pas encore l'oeuvre signifiante qui fera du duo Dunstan & Melton des noms incontournables en leur catégorie ("The Collector" reste pour l'heure le meilleur de leur filmographie) mais elle ne fait que confirmer que ces deux compères sont décidément habités par un grain de folie auquel il est bien difficile de résister. S'ils arrivent à mieux canaliser leur énergie débordante à l'avenir (ou, du moins, à mieux la gérer), nul doute que leur patte s'imposera comme une référence enthousiasmante.