La trilogie des solitudes
Pour ma part, j’ai découvert Alexander Payne en 2011avec The Descendant, puis 2016 avec l’excellent Nebraska. Depuis plus rien ou pas grand-chose de notable. Mais il fait un retour fracassant avec ce drame drôle et bouleversant à la fois. Hiver 1970 : M. Hunham est professeur d’histoire ancienne dans un prestigieux lycée d’enseignement privé pour garçons de la Nouvelle-Angleterre. Pédant et bourru, il n’est apprécié ni de ses élèves ni de ses collègues. Alors que Noël approche, M. Hunham est prié de rester sur le campus pour surveiller la poignée de pensionnaires consignés sur place. Il n’en restera bientôt qu’un : Angus, un élève de 1ère aussi doué qu’insubordonné. Trop récemment endeuillée par la mort de son fils au Vietnam, Mary, la cuisinière de l’établissement, préfère rester à l’écart des fêtes. Elle vient compléter ce trio improbable. 133 minutes
Payne ne s’en cache pas, il a vu et revu un film français de 1935, Merlusse, signé Marcel Pagnol. Sans aller jusqu’à parler d’un remake, la situation de départ est la même. Ce film s’attache aux qualités humaines et pas à un quelconque dispositif narratif, à des conventions ou à un artifice. Le scénario, lés décors – aucun plan n’a été tourné en studio -, les personnages, les situations, tout sonne vrai et provoque donc l’émotion, car, à chaque instant, on peut s’identifier sinon aux personnages, au moins au drame que chacun traverse. Dès la première image du film, tout est fait pour ramener les spectateurs en 1970, par le grésillement de la bande-son, les couleurs désaturées, les références visuelles et même le graphisme rétro du logo des studios : autant d’éléments connus de ceux qui allaient au cinéma avant l’âge du numérique… ce qui est évidemment mon cas. Vous serez surpris par les nombreux épisodes qui jalonnent ce film qui vaut vraiment le détour. Un vrai film de Noël jamais mièvre qui fera fondre les cœurs les plus secs. On sourit, on rit, on pleure… la vie quoi !
Ça fait plus de 30 ans que Paul Giamatti fréquent les plateaux de cinéma – ou de télé -, mais c’est bien sous la direction de Woody Allen qu’il a connu ses 1ers rôles d’importance, puis avec Spielberg, Tim Burton, Askin, Clooney, Cronenberg, McQueen, etc. Son physique atypique lui permet pourtant de se glisser dans la peau d’une foultitude de personnages très différents et, ici, il est tout simplement fabuleux. Il trouve ici sans doute le meilleur rôle de sa longue carrière, bien entouré qu’il est par Dominic Sessa, un débutant qui crève l’écran et Da’vine Joy Randolph, une actrice essentiellement de séries TV, qui est totalement bouleversante. La finesse et l’intelligence du propos font de ce moment un des meilleurs films américains de l’année et confirment qu’Alexander Payne et un excellent réalisateur. Un film qui ressuscite, l'espace d'un instant, le dernier âge d'or du cinéma américain.