Associant deux des plus grandes actrices américaines du moment, bâti sur une histoire sulfureuse d'amours interdites (du genre Gabrielle Russier, pour les Français des années 70), dans le décor d'une petite ville de province sudiste poisseuse, ce film disposait de tous les atouts pour devenir, sinon un film culte, au moins un des blockbusters de l'année.
Las, le scénario s'emberlificote autour d'une mise en abyme (une actrice célèbre, ici Natalie Portman, doit bientôt jouer le rôle de celle, interprétée par Julianne Moore, par qui le scandale est arrivé, il y a vingt ans) d'un drame bourgeois qu'Hollywood a décidé de revisiter. Une mère de famille de 33 ans s'était amourachée d'un lycéen de 20 ans son cadet, elle a ensuite été condamnée. Puis, ils se sont mariés et ont eu quelques enfants... La jeune actrice scrupuleuse souhaite rencontrer les protagonistes de ce vieux scandale pour s'imprégner des attitudes et sentiments de l'époque.
Patatras, en s'immisçant dans la vie de cette famille, elle révèle des failles dans les esprits et rouvre des blessures mal refermées. Filmée avec pas mal de chichis, cette histoire se perd en digressions, en improbables dialogues entre une actrice au comportement intrusif, une mère de famille déprimée, un mari immature qui semble avoir oublié de vieillir et d'autres intervenants (ex-mari, avocat, autres enfants, etc...). Ces gens vivent dans une belle maison et sans doute de leurs rentes, leur laissant le temps de cogiter et de pleurnicher sur leur sort.
Il reste une image de qualité, deux superbes actrices, une atmosphère de roman anglais qui ne suffisent toutefois pas à donner un chef d'œuvre.