J'avais pas mal d'attentes sur ce film réalisé par Todd Haynes et sorti tout récemment en France, déjà car j'adore les deux actrices principales mais également au vu de son sujet qui m'intriguait beaucoup. On y suit en effet une actrice qui vient observer une famille qui a fait scandale vingt plus tôt en raison de la différence d'âge du couple (elle avait 36 ans, lui 13) car elle va interpréter la mère à l'écran. Un peu banal dit comme ça mais le film opte bien-sûr pour un thriller psychologique à l'ambiance bien souvent déstabilisante, voire même quelques fois pesante et dérangeante. Car oui, les deux femmes jouent un rôle, lorsque l'une s'introduit dans la vie de l'autre, cette dernière tente de construire une vitrine, un univers idéalisé ne laissant passer aucune faille. Des failles que l'on découvre en revanche dans l’intimité du couple. Mais malheureusement, je n'ai pas vraiment accroché au film car, contrairement à de nombreuses critiques, je ne l'ai pas trouvé si fascinant que ça et encore moins envoutant. Une fois les personnages présentés dans une très bonne scène d'introduction, on dirait que ces derniers stagnes, le seul évoluant vraiment psychologiquement étant le mari. Dès l'introduction, on nous présente ces deux femmes jouant d'ores et déjà un rôle : la mère veut donc dresser ce portrait de famille heureuse et intouchable, malgré les colis qu'elle reçoit par exemple, tandis que l'actrice prend déjà de la distance pour étudier son rôle, ou plutôt son sujet, duquel elle s'estime supérieure, tout en jouant l'amie bienveillante devant elle. Et hormis quelques scènes assez dérangeantes ou du moins qui interrogent (notamment lorsque l'actrice visite l'arrière boutique de l'animalerie ou alors lorsqu'elle est interrogée dans un lycée), le film semble faire du surplace, les deux femmes restant dans le simulacre et les faux-semblants du début à la fin sans que ça n'aboutisse jamais réellement à quelque-chose. Le seul personnage qui évolue vraiment est donc le mari qui est à l'image des chenilles qu'il élève : il est enfermé dans une cage et ne sortira jamais de sa chrysalide ; d'ailleurs lorsqu'il relâche un paillon, on ne le voit qu'à travers le reflet de la vitre de sa maison, comme s'il était condamné à y rester. De plus, le film met également en place une relation, encore une fois, perturbante entre lui et sa femme dont les rapports mari/femme se confondent souvent avec des rapports mère/enfant. Et ça, ça fait partie des éléments très bien traités par le film, surtout appuyés par une excellente mise-en-scène qui se veut très signifiante (comme toutes les scènes de miroir par exemple). Cependant, on a cette musique, très belle mais très lourde, qui n'a pas manqué de faire parler d'elle en France puisqu'il s'agit d'un morceau de Michel Legrand, notamment connue pour être le générique de "Faites entrer l'accusé". Ce n'est pas ça qui m'a choqué, ça fonctionne très bien lors du générique de début par exemple, mais c'est plutôt son utilisation que je trouve abusive à des moments où il ne se passe pourtant rien de spécial, faisant presque tomber le film dans sa propre parodie. Concernant le casting, on retrouve donc en premier lieu Julianne Moore et Natalie Portman qui jouent très bien mais également Charles Melton, très convainquant. Voilà, "May December" n'est donc pas mauvais et possède au contraire beaucoup de points positifs mais je ne l'ai pas trouvé si marquant que ça.