"May December" s'aventure dans les eaux troubles de l'amour, du scandale et de la rédemption, avec Todd Haynes à la barre, orchestrant une symphonie complexe d'émotions et de réalités morales. Ce drame, ancré dans l'histoire provocante de Gracie Atherton-Yoo et Joe Yoo, se penche sur leur liaison controversée avec une finesse et une profondeur qui échappe à tout jugement simpliste. Haynes, connu pour sa capacité à naviguer dans les nuances des relations humaines, s'inspire ici librement du scandale Mary Kay Letourneau, plongeant le spectateur dans un récit qui défie les attentes.
Natalie Portman, dans le rôle d'Elizabeth Berry, offre une performance nuancée, incarnant une actrice absorbée par le tourbillon émotionnel et moral de son personnage à l'écran, Gracie, jouée avec une intensité brûlante par Julianne Moore. Charles Melton, en tant que Joe, apporte une vulnérabilité et une complexité qui transcendent le script, ajoutant une couche supplémentaire de tragédie et de humanité à l'histoire.
La réalisation de Haynes et la photographie de Christopher Blauvelt, qui remplace Edward Lachman suite à un malheureux accident, enveloppent le film dans une esthétique qui oscille entre le réel et le représenté, une caractéristique signature de Haynes. La musique de Marcelo Zarvos, adaptée des œuvres de Michel Legrand, tisse une mélodie émotive qui enveloppe délicatement le récit, soulignant les moments de tension et de tendresse avec une précision mélodique.
Toutefois, le film peine par moments à maintenir son équilibre délicat entre critique sociale et empathie pour ses personnages complexes. Certaines scènes, bien que puissantes, semblent s'étirer un peu trop loin, laissant le spectateur en quête d'un point d'ancrage émotionnel plus stable. L'approche de Haynes, bien que brillante, flirte parfois avec l'ambiguïté, laissant certaines des questions morales et éthiques soulevées sans réponse satisfaisante.
En dépit de ces moments d'incertitude, "May December" reste une exploration fascinante de la capacité de l'art à imiter, interroger et finalement transformer la vie. Portman et Moore brillent dans leurs rôles respectifs, apportant une profondeur et une complexité qui captivent et provoquent. Le film, avec ses nuances subtiles et sa réflexion profonde sur les thèmes de l'amour, du scandale et de la rédemption, confirme une fois de plus la capacité de Haynes à tisser des récits qui défient et engagent, même si, dans ce cas, l'ensemble ne dépasse pas la somme de ses parties.