Pourquoi les critiques pro s’emballent ? Parce que ce film [attention]… parle de cinéma ! Dans un film de cinéma ! Incroyable, du jamais vu.
Bon, plus sérieusement, je suis très surpris de son excellent accueil critique. Tentons de préciser ce qui ne va pas :
- le rythme est lent, tout est mou, rien n’est saillant, sauf les intervention fracassantes d’un thème musical que j’ai trouvé, même en étant fan de Michel Legrand, absolument rebutant.
- la récurrence du dit thème musical est totalement incongrue, (volontairement?) caricaturale, mais pourquoi ? Est-ce une comédie, un drame ? Vu le sujet, difficilement une comédie, mais alors pourquoi ces saillies presque second degré, comme cette réplique
‘‘Je crois qu’il n’y aura pas assez de hot dogs’’
?
- non, la photographie n’est pas superbe ; voyez ce plan où trois personnes mangent à table : la mise au point est faite sur Portman au milieu, les deux autres personnages sont légèrement flous car trop d’ouverture sur l’objectif ; fait exprès ? Pourquoi, quelle symbolique ?? Vu les dialogues à ce moment, aucune en particulier.
- devinez par quel symbole est représenté le cheminement psychologique du jeune mari ?
Une chenille, qui va devenir papillon et prendre son envol – papillons qu’il élève d’ailleurs lui-même, au cas où la symbolique, subtile, ne serait pas passée. C’est incroyablement original ! Vers la fin du film, une chenille va devenir papillon, et s’envoler…
Hm.
- des scènes très gênantes où la prise de son est faite très, très proches des acteurs afin de capter susurrements, déglutitions, bruits de couverture… J’avoue ne pas aimer du tout ce genre de scène sur-intimistes, surtout dans une salle de cinéma pleine avec un son bien fort.
Ce film m’a donné l’impression de rassembler un nombre impressionnant de clichés du cinéma ‘‘indé’’ : réception critique (presse) dithyrambique, forme volontairement plate pour montrer que, hey non on ne fait de spectacle à la DisneyWorld ici, scènes intimistes à la limite de la gêne, qui peuvent rappeler un certain cinéma français, pistes scénaristiques explorées à moitié pour laisser le spectateur en carafe, mise en abyme du cinéma sur le cinéma…
Certains de ces aspects peuvent être exploités de façon brillante. On ne peut d’ailleurs s’empêcher, en voyant May December, d’avoir une pensée pour Lynch et ses étourdissantes plongées dans des labyrinthes psychologiques. Chez Lynch, le trouble d’identité entre la Blonde et la Brune est poussé à son paroxysme. Chez Haynes, le trait reste épais et nous laisse sur l’impression d’une ébauche de film...