Voici un film sur la mode le plus intelligent qui m'ait été donné de voir. Avec un humour noir particulièrement bien dosé, des dialogues à tomber, un scénario maitrisé - mêlant mises en abyme, passages surréalistes, subtil mélange docu-fiction, discours politique, critique - et une photographie de qualité.
Le monde de la mode, de l'industrie du spectacle, de la politique, le fétichisme du signe, tout est savamment mélangé pour former un film d'une profondeur ahurissante. Polly Maggoo, petite icône de la mode montante, est la marionnette parfaite: filmée, habillée, manipulée, elle est ce produit typique de l'industrie (capitaliste) du spectacle: coquille vide. Paraitre et non plus être.
De l'autre côté, les gens de la télévision, de la "culture" (mondaine et bourgeoise), le "prince" enfant éternel jouant avec ses jouets, ne sont pas épargnés pour autant. Tout ceci donne alors un instantané saisissant d'un système naissant: la nouvelle vague d'aliénation qui approche.
Dès 1966, Klein propose une vision terrible; et nous, gens de 2015, ne pouvons qu'admettre, impuissants, que le signal d'alarme n'a pas été entendu.