Allons donc juger cette énième adaptation des annales du Seigneur des Anneaux, qui allaient à coup sûr tomber face au même couperet d'inclusivité, de diversité et de modernisme que celle d'Amazon. Toute leur communication s'est d'ailleurs basée là-dessus (ainsi que sur la présence à la production de Peter Jackson, sur laquelle nous reviendrons).
Quelle erreur!
Quelle erreur d'avoir pensé cela!
La Guerre des Rohirrims est, absolument et solidement, la meilleure adaptation d'une oeuvre de Tolkien depuis le Retour du Roi en 2003. Il est meilleur que la trilogie du Hobbit, et on ne parlera pas de la série massacre d'Amazon. Il a choisit l'opposé de cette dernière: se baser sur les annales du Seigneur des Anneaux, en les reprenant entièrement, sans les corrompre, sans les interpréter, en comblant simplement les trous. Il ne détruit pas l'oeuvre, il l'adapte.
Et il l'adapte en un bon film, qui plus est. Bien rythmé, très bien animé, aux visuels reprenant les décors, paysages et designs de la trilogie originale pour faciliter l'intégration des spectateurs qui seraient déroutés par l'aspect animé.
Un film avec des personnages forts, bien amenés, avec des caractères définis et solides; avec un rôle central féminin, mais qui démontre magistralement comme trop rares sont ceux qui l'ont fait avant lui, que l'on peut centrer l'intrigue autour d'une femme sans avoir à faire des hommes autour des parodies lâches et perverses.
Oui, la GdR invente des personnages; mais elle reprend tous les réels, sans détourner leurs rôles, sans les diminuer; Helm resplendit du même charisme que les quelques lignes des livres à son sujet le laisse deviner, sans pour autant gêner celui de sa fille inventée, Héra, qui n'est ni invincible ni meilleure que tout le monde.
Elle est bien écrite, et c'est toute la différence.
La communication du film s'est faite autour de cette figure féministe, du grand spectacle à recours de Mumakils et de charges dantesques, qui n'avaient rien à faire là et laissaient présager le pire.
Et pourtant, tout est intelligemment justifié, sans laisser perdu le spectateur novice et sans heurter le vétéran. La diégèse est intacte et en lien direct avec la trilogie originale.
En lien notamment avec sa musique, reprenant les thèmes les plus iconiques sans les dévoyer, et en sachant apporter son propre caractère au long-métrage, jusqu'à amener sa propre mélodie à la hauteur de ses ancêtres.
Et c'est là que l'on note la différence avec la version Amazon.
Ici, et très certainement l'implication de Jackson n'y est pas étrangère, tout le film transpire l'amour du matériel de base, la compréhension de son message et de son histoire, et la volonté de l'actualiser tout en le respectant.
Ici, on démontre comment on peut allier inclusivité et modernisme avec le respect et la tradition.
Ce film est ce que la série des Anneaux de Pouvoirs, et je dirais même la trilogie du Hobbit dévoyée par ses producteurs, auraient dûs être.
Comment a-t-on pu en douter venant de Kamiyama, celui qui avait déjà si brillamment adapté Ghost in the Shell ? Il fait partie de ces Hommes qui savent marquer de leur patte leur ouvrage sans oublier d'où ils en tirent la base.
Ce film, est un grand film; et je ne vous conseille que trop d'aller le voir au cinéma pour profiter pleinement de son imagerie spectaculaire et de sa musique transcendante.
De quoi espérer le meilleur de la Chasse de Gollum, qui devrait se concrétiser prochainement, avec Serkis aux manettes sous l'oeil, encore une fois empli de bienveillance et d'amour, de Peter Jackson.