Débilos-FM... Voici un chroniqueur radio nocturne qui est aigri, aime s'en prendre violemment à son auditoire, jusqu'au jour où un illuminé le menace en direct... Oui, c'est Conversations Nocturnes (Talk Radio) de Oliver Stone, mais en version Wish au rabais et au final abrutissant, aussi si vous n'avez pas vu le thriller prenant de Stone, filmé d'une main de maître (des travelings circulaires qui nous font rentrer dans la folie du personnage), interprété avec furie, et au final déchirant, laissez carrément tomber le micro moisi de Mel Gibson, qui n'a rien à vous offrir, au profit de cette sublime pépite de tension trop peu connue. Pour ce qui est de On The Line, il nous prend tellement pour des niais, qu'on pige le twist à environ vingt minutes du début (et bon courage pour tenir le reste du film, puisque tout enjeu, tout suspens, est mort...). Le scénario se fiche éperdument de cacher ses indices, de créer du mystère, il enchaîne les flagrants éléments qui nous beuglent la vérité derrière cette prise d'otage très mal mise en scène :
le speaker insiste dès le départ sur le fait que son auditoire est réduit et a ses habitudes ; le forcené au bout du fil est un Rambo surdoué (il s'infiltre où il veut, dégomme plein de gens sans jamais être essoufflé à l'antenne, met des plein de pièges et tableaux macabres que tout le monde aurait vu avant et pendant l'émission...) ; il y a un policier qui veut intervenir en voyant Mel Gibson armé à côté d'un jeune homme paniqué, mais il reçoit un coup de fil, et s'en va (si, si... On vous promet) ; le personnage de Mel Gibson a l'air aussi impliqué émotionnellement qu'un caillou, et donne un milliard de détails descriptifs qu'absolument personne ne penserait à donner en situation de stress ; et dernier point très important, on a droit à des plans gratuits et laids sur les commentaires écrits des auditeurs lors de la prise d'otage, pour une fois très nombreux et réactifs... Bref, inutile de vous prendre pour des écervelés comme le fait le scénario : oui, c'est un coup monté pour faire de l'audimat.
Quand on comprend assez tôt ce premier twist, on s'ennuie ferme, car plus rien ne vient jamais nous contredire dans notre déduction (pas de contre-indice, de doute, de fausse piste...), au contraire, le scénario fait son petit chemin comme si on n'était pas là, en enchaînant toujours plus d'inepties qui nous confortent dans notre idée. Ce que l'on peut s'ennuyer, alors... On lève simplement une paupière à la dernière minute, qu'on croit assez maligne avec une morale à la "Mad City" (de Gavras) étant "les médias à sensations, en voulant en faire toujours plus, écrasent bien des gens", mais non...
Si le petit jeune se tue en tombant en arrière dans les escaliers, effrayé par un Gibson trop désireux de recueillir sa réaction à chaud pour les auditeurs, c'est seulement...parce que c'est l'anniversaire de Gibson, c'était une blague.
C'est à ce stade qu'on décolle nos accoudoirs, submergé à la fois par la bêtise du twist qui nous dit qu'une
chute en arrière sans aucune protection dans les escaliers (même les grands cascadeurs ont des tatamis et coques discrètes pour la tête, alors le petit jeune...) se solde par aucune égratignure
, mais aussi par l'incapacité de ce film à nous dire quoi que ce soit, ni morale, ni idée sur cette violence derrière des pseudos, sur la prise d'otage, sur le fait de jouer avec la vie... Non, c'est
une blague pour un anniversaire
, damned. Pour qu'on accepte l'idiotie de son twist, il aurait fallu un film divertissant, bien rythmé, bien interprété, ce que On The Line n'est pas du tout, campé sans envie par un casting perdu, aux ressorts trop évidents qui n'essaient même pas de nous faire douter, et au final qui nous prend pour des débilos. Par pitié, mettez-vous plutôt Conversations nocturnes, un thriller qui s'adresse à vous avec respect, (très) cher public.