Un chemin de tendresse
Panah Panahi – fils de Jafar, le réalisateur de Le Cercle, Ballon Blanc, Trois Visages ou du formidable Taxi Téhéran, couvert de prix à Venise, à Cannes, à Berlin -, nous propose ici un 1er film très étrange et intrigant. Iran, de nos jours. Une famille est en route vers une destination secrète. A l’arrière de la voiture, le père arbore un plâtre, mais s’est-il vraiment cassé la jambe ? La mère rit de tout mais ne se retient-elle pas de pleurer ? Leur petit garçon ne cesse de blaguer, de chanter et danser. Tous s’inquiètent du chien malade. Seul le grand frère reste silencieux. 93 minutes d’une grande originalité et d’un culot incroyable. Une curiosité que les amateurs – les vrais – de cinoche ne doivent pas manquer.
Le film du fiston Panahi est aux antipodes de l’univers du papa. Même si le scénario tient sur un timbre-poste, - d’ailleurs, en l’occurrence il vaudrait mieux parler de situation -, l’intérêt ne faiblit pas et comme l’image est somptueuse – superbes paysages que ces déserts iraniens – on se laisse bercer par ce road-movie où le peu d’action est compensée par les relations entre les membres de cette famille qui roule sans fin vers un but indéfini, qui fuit peut-être, qui sans doute à des choses à cacher, mais, dont, au bout du compte, on a l’impression de faire partie. Voilà un hommage à la famille, à l’amour et à la vie pour cette perle iranienne.
Les « parents », Hassan Madjooni et Pantea Panahiha, acteurs de théâtre très connus en Iran, sont parfaits de bout en bout. Tout comme le « grand frère », Amin Simiar. Mais la grande découverte est le petit - 6 ans -, Rayan Sarlak qui, à lui seul, vaut d’aller voir ce film, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes en 2021. Un voyage vers ailleurs sous le signe de la tendresse et de l’amour. Une autre vision de l’exil pour la naissance d’un cinéaste.